page suivante »
L'AGE NOtiVEAU. 91
Homme, sa vofx te parle à toute heure, en tout lieu ;
Toi seul peux librement l'aimer et t'y soumettre ;
De l'aveugle matière elle te rend le maître ;
La nature obéit, car la raison c'est Dieu.
III.
Va donc , esprit humain, dans cette arène immense ,
Dieu même en toi soutient la lutte qui commence ;
A ton tour, imitant l'œuvre de ton auteur,
0 fils semblable à lui, tu seras créateur !
Mais lui seul est sans borne en sa toute puissance ;
Tu n'enfanteras rien qu'Ã force de souffrance,
Tu devras lentement prendre à Dieu ses secrets.
Patience et douleur , c'est la loi du progrès.
Ah ! que la terre a bu de sueurs et de larmes,
Depuis l'heure où contre elle un homme a pris les armes ;
Où ses chênes, vaincus pour la première fois,
Ont fait place aux cités qui germaient sous les bois ;
Où, du fer tout récent chargeant nos mains craintives ,
La hache a fait trembler les forêts primitives ,
Et de leur temple obscur crevé l'épais rideau ;
Où les leviers ont pu mouvoir le lourd fardeau
Des blocs cyclopéens redressés en murailles ;
Où la bêche a des champs entamé les entrailles !
Déjà les animaux servent l'homme, contraints
De prêter à nos bras la vigueur de leurs reins.
Bientôt tous tes pouvoirs, soumis l'un après l'autre ,
Nature, contre toi, viendront en aide au nôtre.
Chaque jour, au travail, l'homme courbe à son gré
Un être qu'en naissant il avait adoré.