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DANS LES UNIVERSITÉS DR L'ALLEMAGNE. 81 connaissance, conduire à la science parfaite de l'être en soi. Espérant tirer quelque profit de l'une et de l'autre des deux méthodes, il s'efforce d'utiliser l'apriorisme et l'empirisme, l'évolution et l'observation. Dans ce qu'il nomme la philoso- phie formelle, il emploie la méthode dialectique de Hegel, et élève l'édifice des catégories au moyen de négations et de synthèses continuelles. Dans la philosophie dite de la réalité, au contraire, il se sert de préférence de la méthode positive ou empirique: la contemplation des œuvres du Tout-Puissant, l'étude attentive de toutes les formes sous lesquelles l'Être- Suprême a voulu se révéler, lui semble indispensable à la connaissance de la personnalité libre de l'absolu. Ce qu'il y a de bon dans cette méthode mixte, c'est qu'elle reconnaît que la philosophie doit partir de la conscience du sujet pensant, et considérer la psychologie comme sa base inébranlable. Arriver à une pleine et entière conscience de soi-même, c'est bien là le but auquel le sage aspire. Mais il fallait rester fidèle à cette grande vérité; il fallait suivre toujours le chemin sur lequel cette idée lumineuse est ca- pable de guider. On aurait tort de restreindre avec Fichte ce grand principe au point de vouloir fonder la science de la pensée sur une simple théorie de la connaissance; ce serait exclure arbitrairement les autres faits que peut présenter l'analyse de la conscience intime. On aurait tort surtout de défigurer ce que ce procédé présente d'utile en le combinant d'une façon étrange avec les suppositions gratuites de la méthode dite de construction, Quoiqu'on puisse dire, la méthode progressive, quand môme elle serait restreinte à certaines parties de la philosophie, reste toujours fausse et inapplicable. Fichte a écrit un livre à part sur la nature de la connais- sance considérée comme connaissance du moi. C'est une espèce d'introduction à sa philosophie, plutôt qu'une partie 6