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82 DE L'ÉTAT ACT0EL DE LA PHILOSOPHIE intégrante du système lui-même. On y trouve une preuve frappante de l'insuffisance de la méthode suivie et des fu- nestes résultats auxquels on arrive en transigeant avec la vérité. Après avoir parlé longtemps psychologie, Fichte laisse échapper toul-à -coup le fil précieux qui le dirige; l'ha- bitude générale, la pente du siècle l'entraîne, et sans savoir comment, vous vous trouvez subitement, comme par miracle, en pleine métaphysique. Vous douiez d'abord, vous hésitez, vous relisez quand il vous semble que l'auteur confond la conscience du moi et la conscience que l'absolu a de lui- même. Mais bientôt vous demeurez persuadé que, sur les pas de Fichte, vous vous êtes égaré dans un labyrinthe.Vous vous rappelez avoir été guidé par l'auteur à travers la philosophie dite de pure réflexion; vous vous souvenez avoir laissé derrière vous l'empirisme, le scepticisme, l'idéalisme. Mais le système dans lequel Fichte croit vous avoir initié n'en est pas plus clair, plus juste à vos yeux. Cette psychologie méta- morphosée en théosophie ne nous accable pas moins du poids de ses incompréhensibles énigmes. Vous sentez que Fichte veut le théisme et que ses intentions sont excellentes; mais vous ne pouvez vous empêcher de concevoir quelques doutes pénibles sur la justesse de la méthode mixte, et sur la parfaite convenance des formules dans lesquelles il résume ses idées. Quant au système lui-même auquel Fichte s'est arrêté, ce penseur n'en a donné jusqu'ici qu'une partie. L'ontologie du professeur de Tùbingue traite des catégories; c'est la science des idées a priori, soit simples, soit de rapport; elle fait connaître, dit l'auteur, la forme éternelle et né- cessaire des choses. C'est ici surtout que Fichte s'attache fidèlement au héros de la spéculation moderne; il ne fait que reproduire en d'autres termes la logique objective de Hegel. Au lieu de distinguer soigneusement ces deux sciences