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6                    UN RAYON DE SOLEIL.

    Je laissai là ces sphinx, ennemis du repos ;
    Puis, attirant vers moi ma nouvelle-venue,
    J'entrepris avec elle une longue entrevue.
    (Rêve enchanteur, hélas! as-tu fui sans retour) ?
    Nous parlâmes de tout, d'amour, surtout d'amour,
    De ce qui nous est cher et qui charme la vie,
    Du beau, du vrai, du bien, aliments du génie.
    Tandis que du soleil et si pur et si doux
    Le rayon se jouait encore autour de nous,
    Ah ! sur quel ton riant, de la belle nature
    Elle me retraçait une riche peinture !
    Qu'elle savait des champs célébrer les appas.
    Les mille enseignements semés à chaque pas,
    Et tous ces grands tableaux par qui l'âme s'élève,
    Et que depuis longtemps je ne vois plus qu'en rêve !

    Pendant que j'écoulais cet enivrant récit,
    Sophie ! auprès de vous s'envola mon esprit ;
    Sur votre beau Léman une voile magique
    Emportait doucement ma voile fantastique ;
    Je revoyais ces lieux chers à mon souvenir,
    Où j'aurais voulu vivre, où je voudrais mourir ;
    Ces hauts sommets neigeux, ces gigantesques cimes,
    Donl la lête est aux cieux, les pieds dans les abîmes;
    Et parmi les torrents et les ravins profonds,
    Ces champs si fortunés et ces riches vallons.

    Devant ce grand spectacle, honneur de l'Helvétie,
    Vivez, vivez heureuse, ô ma chère Sophie !
    Ramassez ces Irésors tels qu'ils vous sont donnés,
    El riez de nous voir, par l'orgueil entraînés,
    Pour ravir ses secrets, tourmenter la nature ;
    Laissez-nous, pauvres nains, entasser sans mesure,