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BULLETIN MUSICAL. CHARLES VI, OPÉRA DE M. IIALE V. Charles VI, le dernier ouvrage de M. Halevy, obtient en ce mo- ment, sur notre Grand Théâtre, un succès qui paraît devoir se con- solider à chaque nouvelle représentation, mais qui, en définitive, ne sera jamais, nous le croyons du moins, qu'un succès d'estime. Une aussi modeste réussite pour une composition musicale aussi éten- due (Charles VIn'a pas moins de cinq actes et de sept tableaux), aurait lieu de nous surprendre, si nous ne connaissions déjà de sem- blables précédents chez M. Halevy. Il n'est jamais arrivé, que nous sachions, à M. Halevy, d'obtenir du premier coup, un de ces succès éclatants qui font époque dans l'histoire de la musique, et tout le monde sait que la Juive même, l'œuvre capitale de ce maître, fut assez mal accueillie d'abord du public et des habitués de l'Opéra. Les premières représentations furent, dit-on, très froides, et, sans les magnifiques inspirations de Nourrit et les élans dramatiques dn M l l e Falcon, la foule serait sortie bien plus tard encore de cette réserve glaciale. S'il est vrai, et cela est bien constaté aujourd'hui, que Don Juan, que Guillaume Tell, que Robert-le-Diable aient débuté dans le monde sous des auspices pareils à ceux qui signalè- rent chacune des nouvelles tentatives de M. Halevy, à commencer par la Juive et à finir par Charles VI, l'auteur de Guido peut en- durer, sans trop de confusion, cette petite blessure faite à son amour-propre. Être enveloppé dans la même disgrâce que Mozart,