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                      MÉMOIRE SUR L'ATLANTIDE.                          283

    « Rappelons-nous d'abord, qu'il y a neuf mille ans, à ce
 que rapporte la tradition, qu'une guerre eût lieu entre les
peuples qui habitaient au-delà des Colonnes d'Hercule et
ceux qui habitaient en deçà. C'est de celte guerre que nous
allons parler. Notre ville se trouva alors à la tôle des peuples
de TOrient, et soutint, comme on sait, tout le poids de celte
guerre. A la tête des peuples occidentaux étaient les rois
de l'île Atlantide, île plus grande que l'Asie et que la Lybie
ensemble, comme je l'ai déjà dit autre part ; mais cette île
ayant été engloutie par un tremblement de terre, on ne
trouve plus à sa place que des bas-fonds dangereux qui ren-
dent ces parages innavigables. Dans le cours de mon dis-
cours, je désignerai, quand l'occasion se présentera, les na-
tions narbares et les nations grecques qui furent mêlées dans
cette guerre (1). Il convient d'abord d'exposer quelles étaient
les forces, le gouvernement politique et la manière de com-
battre des Athéniens d'alors et de leurs adversaires. Nous
allons commencer par nos ancêtres. »
   Il fait alors une description agréable de l'état d'Athènes
dans ces premiers temps; il parle assez au long de l'étendue
de son territoire, de la fertilité du pays, du nombre des ha-
bitants, de leur habileté et de l'autorité et du crédit qu'ils
s'étaient acquis sur les autres peuples de la Grèce. Ensuite ,
en venant aux Atlantes, il s'exprime ainsi :
   « Quant à nos adversaires, et aux premiers temps de leur
histoire, je vous raconterai familièrement ce qui est resté
dans mon souvenir du récit qu'on m'en a fait dans mon en-
fance ; mais, avant tout, je vous avertis de ne pas vous étonner
si vous entendez exprimés en grec presque tous les noms des


  (i) Comme le fragment du Critias qui nous reste va jusqu'à la punition
des Atlantes, il ne paraît pas probable que l'iaton ait l'occasion de nommer
ces nations. Peut-être y a-t-il des lacunes dans ce fragment.