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 376                        UGO FOSCOLO-

 « trouvent également incrédule. Mort, tu me donneras la
 « renommée et le repos. »
              Morte, (u mi tlarai fama e riposo.

   La voix de Foscolo avait une indicible mélancolie quand
elle disait ce vers, que tout proscrit ne prononce qu'avec émo-
tion.
             Tu non altro elle il canto avrai del figlio,
              () materna mia terra

    Comme œuvre d'art, lacopo Orlis a un double caractère
 d'imitation ; la littérature de deux peuples a passé là et y a ,x
 laissé son empreinte. Cette langue d'Iacopo rappelle peu la
 langue créatrice et pleine de mouvement de l'Italie du moyen^
 âge. Où est le génie national ? En traduisant littéralement, on
 trouve à quelques nuances près la forme française avec sa con-
 texture simple, claire, uniforme, désespérante pour les vrais
 poètes qui pourtant ont su lui arracher des merveilles. L'Aile-"
magne se montre à son tour dans le roman italien : Foscolo
adopte le plan de Werther et sème son lacopo de détails évi-
demment empruntés à cette production de la jeunesse de
Goethe. Dans la franchise d'une admiration peu jalouse de se
cacher, l'auteur italien pousse quelquefois l'imitation de son
modèle jusqu'à la puérilité. Werther écrit un billet fou de
quelques lignes, lacopo affecte la même sobriété de langage
et le même délire. Werther, préoccupé d'une idée de mort,
lit Ossian à Charlotte ; lacopo, dans la même disposition, lit
Alfieri à Teresa : bien des points de ressemblance lient en-
core les deux écrivains. L'œuvre italienne a d'ailleurs des
beautés de sentiment qui naissent d'autres lieux, d'autres cir-
constances et surtout de la nature différente des deux auteurs.
Werther et lacopo nous semblent pour les grands traits au
moins une manifestation saisissante de Goethe et Foscolo.
Dans ce Werther si profondément offensé des dédains inso-