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    V12                 JEAN-BAPTISTE LANOIX.

    donc, il avait voulu, comme il l'avait précédemment fait,
    partager son temps entre les soins qu'il devait à son officine
    et ceux qu'il donnait à la chimie, nul doute qu'il n'eût réa-
    lisé une de ces brillantes fortunes que l'on acquiert trop rare-
    ment en se livrant aux travaux scientifiques, nul doute qu'il
    n'eût laissé un nom distingué parmi ceux de nos chimistes
    les plus habiles et les plus éclairés.
        Mais, bien loin de là, effrayé du présent et peu confiant
    dans l'avenir, il n'eut pas le courage de reprendre l'exercice
    de sa profession ; il renonça dès lors à toute ambition de
    gloire et de richesse, inquiet même sur les chances que pou-
    vait courir le peu qui lui restait du modeste bien qu'il avait
     amassé, il en réunit les débris en papier monnaie, déjà fort
    déprécié, il est vrai, mais qu'il se hâta d'employer, en 1793, à
    l'acquisition d'une assez agréable maison de campagne ; il ne
     tarda pas à s'installer dans cette paisible demeure, située rue
     des Quatre-Maisons, dans la ville de la Guillolière, qui n'était
     alors qu'un faubourg de Lyon.


     Maintenant que nous avons envisagé Lanoix sous un rap-
  port, revenons un moment en arrière pour l'envisager sous
  un autre ; pour considérer en lui l'homme enthousiaste, épris
  de tout ce qui présente un aspect nouveau, extraordinaire,
  saisissant avec avidité les découvertes faites en dehors de la
  ligne des idées vulgaires, et embrassant avec toute l'ardeur
— de son imagination la cause du magnétisme animal.
     Mesmer occupait le monde savant de sa grande découverte
  du fluide magnétique animal, fluide qui, suivant lui, était
  universel, entourait et pénétrait tous les corps, opérait les
  phénomènes les plus étranges, les plus miraculeux, et pou-
  vait, par la seule puissance de la volonté, changer de direc-
  tion, se déplacer, passer d'un homme à un autre homme, et
  faire enfin mille prodiges.