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MADEMOISELLE DE MAGLAND. 257 ils, il faut partir. — Marie, sans s'alarmer de l'orage qui se pré- parait, riait des frayeurs de sa cousine, qui refusait de se mettre en route et voulait se réfugier dans la chaumière, dont le toit défoncé n'offrait pas même un abri contre la pluie. Raoul s'efforçait, sans réussir, de calmer ses craintes ; elle n'en continuait pas moins ses lamentations.—Ah çà j dit Auguste à Marie, croyant n'être en- tendu que d'elle, qu'à donc votre cousine? je l'ai vue vingt fois ex- posée au mauvais temps comme aujourd'hui ; mais jamais je ne lui ait tant vu faire de minauderies. — Et moi, dit Marie du même ton, jamais je n'ai vu Raoul avoir pour elle tant d'indulgence. — Il n'est pourtant pas sa dupe, allez, répondit Auguste. En ce moment, il rencontra le regard d'Alix, dont l'expression lui prouva qu'Alix avait tout entendu. II put y voir un désir de vengeance sans renon- cer à celui de la séduction. C'était à la fois menace et caresse, fai- blesse et malice, tourterelle et serpent. Le temps devenait de plus en plus menaçant; le vent fraîchissait. Après avoir grondé à grand bruit dans les montagnes, il descendait dans les vallées et chassait de lourds nuages gris qui laissaient échap- per de larges gouttes de pluie. Les arbres courbés jusqu'à terre faisaient entendre de sourds mugissements auxquels se mêlaient les cris aigus des grèbes cherchant un abri dans les rochers. On avait à peine fait cent pas hors du bois, que l'orage éclata avec une épouvantable violence. Tous se mirent à courir : tout-à -coup Marie s'arrêta : et Alix, dit-elle ? On s'aperçut alors qu'elle ne les avait pas suivis.—Elle y tenait, dit Auguste, elle sera allée s'abriter dans la masure de là -bas. — Raoul offrit de retourner sur ses pas pour la chercher, pendant qu'on retournerait au Genêt. Il redescendit aussitôt dans le bois, et l'on entendit longtemps sa voix à travers le bruit du vent qui appelait Alix. Quand on arriva au château, les chemins étaient devenus des torrents. On s'empressa d'envoyer une voiture jau devant de Raoul et d'Alix, mais plus de deux heures se pas- sèrent sans qu'on la vît revenir, et quand enfin elle arriva, elle était yide ; on conçut alors de sérieuses craintes, On envoya des domesti - ques sur toutes les routes et tous revinrent sans rien rencontrer.— La soirée était fort avancée et tout le monde était dans les plus vives inquiétudes, lorsque la femme-derchambre d'Alix entra annoncer M