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474                   UN CHAPITRE INÉDIT

ment à la consommation. Le papier-monnaie, qui était de-
venu par le resserrement des métaux presque le seul signe
d'échange, subit une dépréciation énorme; car la loi avait fait
pour ce papier trop ou trop peu ; trop, en lui donnant un cours
forcé et une valeur légale au niveau de celle de l'argent ; trop
peu, en n'accompagnant pas cette volonté d'une sanction suffi-
sante. L'œuvre illogique de l'assemblée constituante, qui avait
institué ce papier tout en établissant et en consacrant la liberté
du commerce et des échanges, portait ses conséquences. La
dépréciation de l'assignat se traduisait en un renchérissement
proportionnel des denrées, et le cours nominal n'avait guère
de réalité que pour le pauvre peuple et le petit marchand, qui
ne pouvaient s'indemniser par la spéculation et l'agiotage. La
première obligation d'un pouvoir^ c'est de faire que le peuple
placé sous son administration puisse vivre en travaillant. F a -
talement ou par sa faute, le parti girondin fut encore ici sous
le poids d'une impuissance.
    Ainsi le parti girondin manqua de suffisance devant les deux
 nécessités de sa position, faire vaincre la révolution et faire
 vivre le peuple qui avait fait la révolution. Mais quelles furent
ses fautes? à quels moyens aurait-il dû recourir? arrêtons
nous ici. Nous voyons bien pourquoi il a succombé et ce
qui a été fait après lui. Mais exposer, ce n'est pas approuver.
Il y a des chûtes qui honorent, comme il y a des succès qui
ne sauventpointde l'infamie. Entre l'insuffisance des girondins,
et la terreur qu'inaugurèrent les montagnards, y avait-il place
pour un troisième parti qui eût donné le salut sous le crime ?
Ce n'est point à nous de l'examiner. L'histoire offre au pre-
mier abord un caractère de fatalité, parce qu'elle ne présente
jamais que des drames inachevés. Idéalement, jamais rien de
bon ne peut sortir du crime; cependant il est incontestable que
le crime lui-môme est une des voies de la providence. Dé-
 roulons donc, quant au théâtre qui est sous nos yeux, ce t a -