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.14                    LE P. CLAUDE RABUEL.

    La Géométrie de Descartes est son chef-d'œuvre, el on lui
donne la préférence sur tous ses autres livres (1), mais ce chef-
d'œuvre avait grand besoin d'être éclairci. Descartes soute-
nait lui-même que, dans ses autres ouvrages, « il a lâché de se
rendre intelligible à tout le monde, mais que pour ce traité,
il craint ne pouvoir être lu que par ceux qui savent déjà la géo-
métrie— J'y ai omis, dit-il, quantité de choses qui auraient
pu servir à la rendre plus claire, ce que j'ai failà dessein, et
je ne voudrais pas y avoir manqué (2). »
    Trois auteurs, de Beaune, de Fermât et de Witt avaient
 éclairci déjà quelques endroits de la Géométrie, lorsque vint
le P. Rabuel. De Schooteen l'avait commentée tout entière,
mais il semblait avoir aspiré lui-même à la gloire d'être com-
menté à son tour. « On pourrait justement, dit le P. de Co-
lonia, lui appliquer ce bon mot que j'ai vu dans la Bibliothèque
du Collège romain, écrit, de la main même de Muret, sur la
première page d'un commentaire obscur de Thucydide :
« Commentaires sans lesquels (Muret ajouta avec lesquels) il se-
rait difficile de comprendre Thucydide (3). »
    Le P. L'Espinasse, ancien disciple de Rabuel, fut l'éditeur
des Commentaires sur la Géométrie de M. Descartes; Lyon,
Marcellin Duplain, 1730, in-4°, seul ouvrage que nous ayons
de ce savant mathématicien. « Le Commentaire que nous
donnons au public, disait le P. l'Espinasse, s'étend sur toute
ta Géométrie de M. Descaries, et n'a point le défaut de l'obs-
curité. Le texte y est suivi article par article. Partout on trou-
ve les éclaircissements nécessaires et des exemples de tous les
cas dont M. Descartes ne dit souvent qu'un mot, et que


  (i) Huet, Cens. phil. Cart., cap. VIII, §, 5.
  (a) Tom. III, Lettre gî au P. Mersenne.
  (3) In Thucydidem commentarii, sine quibus (et cum quibus) vix intelligi
auctor possit.