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298 MÉMOIRE SUR L'ATLANTIDE.
générale et terrible, quand par ses crimes il a attiré sur lui
le courroux des Dieux, est une magnifique préparation à son
livre et à son projet sublime de justifier la providence de la
Divinité aux yeux des mortels. Or, je le demande, une fable,
une pure fiction était-elle propre à produire cet effet? Et une
proposition d'une importance morale et religieuse aussi grande
ne devait-elle pas s'appuyer sur un fait aussi vrai qu'il était
éclatant, sur une tradition dont les peuples ne pussent dispu-
ter la sincérité '? En outre, nous allons voir tout-à -1'heure les
contemporains de Platon, loin de le démentir, ce qu'ils n'au-
raient pas manqué de faire, si son Histoire des Atlantes n'é-
tait qu'une fiction, rapporter la même tradition et en orner
ainsi qu'eux leurs ouvrages.
L'astronome Eudoxe de Gnide regardait comme véritable
l'histoire racontée par les prêtres de Sais à Solon, malgré
l'exagération fabuleuse de leurs calculs chronologiques. Pro-
clus, disciple de Platon, dans ses Commentaires sur les écrits
de son illustre maître, parle d'une histoire d'Ethiopie, com-
posée par un certain Marcellus, qui confirme tout ce que
Platon avance d'historique dans ses deux dialogues. Crantor,
le premier commentateur de Platon, et qui vivait seulement
un siècle après lui, regarde comme vrais et nullement allégo-
riques les récils du Timée et de Gritias.
Suivant Proclus, Crantor avait retrouvé cette tradition de
l'Atlantide chez les prêtres de Sais qui lui montraient les
stèles couvertes d'inscriptions, où celte histoire était, di-
saient-ils, consignée.
On pourrait nous opposer que les disciples de Platon, qui,
certes, avaient bien étudié les écrits et l'esprit de ce grand
homme, ont vu dans tout ce que leur maître dit des Atlantes
un sens allégorique. Origènes voit figuré dans la guerre des
Atlantes et des Grecs le combat entre les anges et les esprits
rebelles ; Porphyre , le différend entre les démons et les