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                  MADEMOISELLE DE MAGLAND.                       501

 talion ou donnerait à ma conduite ; et, crois-moi, Auguste, ce fut
 une douleur telle qu'elle suffirait pour expier mes torts ; douleur
d'autant plus cruelle que la plainte et la justification étaient im-
possibles; et quand je viens à toi, tu m'accables d'outrages, tu me
traites avec le dernier mépris!—Je vous crois, Raoul, dit Auguste
d'un ton radouci ; je* vous accorde qu'il y ait dans tout ceci de ia
fatalité, dont malheureusement vous ne souffrez pas seul, mais vous
n'en êtes pas moins coupable ; vous avez trompé tous ceux qui vous
aimaient. Marie a cru à votre amour, vous n'aviez que de la passion.
Je comptais sur votre amitié, vous n'aviez que de l'effusion sans
confiance. Aujourd'hui, vous vous regardez comme un homme
d'honneur, parce que vous avez vu un crime où il n'y avait qu'une
erreur, dont il eût été sage et juste de laisser peser les conséquen-
ces sur la coupable. Elle a dû être bien flère de voir son auda-
cieuse bassesse couronnée d'un succès si complet! Se voir l'objet
d'un pareil dévoûment, quand elle ne devait attendre que le mépris.'
Pardon, Raoul, elle est votre femme, je me tairai ; mais si je vous
tends encore une main amie, j'exige de vous pour prix de cet
effort, que vous vous engagiez, d'une manière solennelle, à enjoin-
dre à Alix de ne chercher, en aucune manière, à voir sa cousine
pendant le peu de temps qu'elle a encore à rester ici ; vous-même
ne tenterez rien pour vous rapprocher d'elle ; en respectant cette
grande infortune, vous montrerez au moins que vous n'avez pas à
tous égards été indigne de la tendre conQance qu'elle avait en vous.
Alors, je vous rendrai mon estime, et je vous croirai UD homme
d'honneur.
   Vaincu par la rude franchise et la fermeté d'Augusle, Raoul pro-
mit tout ce qu'il lui demandait. — Rends-moi mon ami, dit-il
d'une voix émue, jamais tu ne me fus si cher. — Auguste lui tendit
la main sans prononcer un mot, mais son regard disait assez qu'il
s'accusait tout bas d'avoir jugé son ami trop sévèrement. — Adieu,
dit Raoul, console Marie ; aie pour elle des paroles bonnes et
tendres ; protége-la ; sois son frère et son appui ; il m'est doux de
penser que vous garderez longtemps l'un pour l'autre un reflet de
l'ami qui ne vivra plus qu'en vous.
                          ( La fin au prochain     numéro ).