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498               MADEMOISELLE DE MAGLAND.
faut de la force pour cacher uu chagrin qui nous ronge, maïs j
mentir en souriant, demande une puissance qui n'existe que chez
elles.
    Malgré toutes ses énergiques résolutions, Marie redoutait tout ce
qui pouvait réveiller en elle le souvenir du passé ; le Genêt '. Jamais
elle n'entendait ce mot sans un tressaillement douloureux. Ses amis
lui évitaient avec soin toutes fâcheuses impressions, et sa santé se
rétablissait peu à peu ; elle lui permit enfin d'essayer le retour de
ses forces dans quelques promenades qu'on avait toujours soin de
diriger loin des lieux qui lui élaient encore si chers. M. de Blossac
accompagnait toujours les deux amies, veillant sur Marie avec la
tendresse d'un frère et la sollicitude d'un aini ; d'une nature géné-
 reuse, à la hauteur de tous les dévoûments, Marie n'avait besoin
pour les comprendre que de recourir à ses nobles instincts ; elle fut
touchée de l'affection ingénieuse et délicate de cet excellent jeune
homme. Il s'abstenait de lui offrir le baume irritant des consola-
tions vulgaires ; il ne consolait pas, il respectait cette douleur qu'il
 savait sans remède et sans fin ; sa pitié noble et désintéressée trou-
 vait de douces paroles pour cette* ame désolée, et peu à peu il l'a-
 mena aux épanchéments qu'elle voulait éviter ; — pleurez, disait-
 il, pleurez ; les larmes en dehors soulagent, en dedans elles tuent.
 Parlons ensemble des bons et des mauvais jours ; n'est-il pas un
 nom qui fera toujours vibrer votre cœur? Eh ! bien, ce nom cher et
 maudit nous le répéterons ensemble. Avez-vous déjà oublié, ajou-
 tait-il d'un ton de reproche affectueux, que naguère vous et Raoul
  me mêliez fraternellement à tous vos rêves d'avenir? Il était beau
  alors, et vous me faisiez une place dans votre bonheur, pourquoi
  n'aurais-je pas ma part de vos infortunes? Ne suis-je donc plus
  votre ami? Je ne vous demande que de partager avec tous ceux
  qui vous aiment le droit de vous aider à souffrir. — Hélas ! répon-
  dait Marie, que puis-je promettre en échange d'une amitié si dé-
  vouée ? pas même l'espérance d'être consolée par elle !
    Ce fut au retour d'une promenade sur les bords du lac, et après
 avoir laissé les deux amies au Pré-de-Vert, qu'un matin Auguste
 rencontra Raoul qui semblait le chercher. — Enfin, je te trouve,
 s'écria-t-il en s'élançant au devant de lui, parle-moi de Marie. —