page suivante »
MADEMOISELLE DE MAGLAND. 42i partout elle retrouvait son chagrin et ses souvenirs ; rien d'ail- leurs de ce qui l'entourait ne pouvait l'en distraire ; le Genêt naguère si vivant, si animé, était maintenant triste et silen- cieux ; tous les ouvriers et plusieurs serviteurs avaient été con- gédiés, et ceux qui étaient restés semblaient craindre de laisser apercevoir leur présence. Chacun s'est trouvé dans des circons- tances analogues, et tout le monde sait quelle morno stupeur suit la disparition d'un chef de famille. L'absence d'un seul être enlève à ceux qui restent toute volonté et toute énergie. M. de Blossac lui-même subissait cette triste influence, et, taciturne et préoc- cupé, il n'essayait pas d'arracher Marie à sa douleur. La famille O'Kennely, arrivée récemment, était seule admise au château. C'était à Sara que Marie confiait ses tristesses et ses agitations; Mme O'Kennely l'écoutait d'un air doux et mélancolique, puis par de tendres conseils, par des paroles toutes pleines d'une sagesse indulgente et bonne, elle essayait de réprimer les élans de cette organisation nerveuse ; elle s'efforçait de la ramener au sentiment du bonheur qui lui était promis ; parfois ses discours prudents et maternels exerçaient sur Marie une sahuaire action, et la paix semblait rentrer dans son ame, mais ce calme n'était que pas- sager. Près d'un mois s'était écoulé depuis la mort de M. de Magland, lorsque Marie reçut la lettre suivante : MA CHÈRE COUSINE, « J'aurais désiré pouvoir remettre à un temps plus éloigné le mo- ment de vous entretenir de nos affaires, mais les hommes de loi assurent que mes intérêts pourraient être compromis, si je tardais davantage à prendre mes précautions ; j'ai pensé que vous préfére- riez traiter avec moi plutôt qu'avec eux, et je viens en consé- quence vous demander si, forcée que vous êtes de vous défaire du Genêt pour compléter le remboursement de ce qui m'est dû par la succession de votre père, il ne vous serait pas plus pénible de voir passer entre des mains étrangères cette propriété (qui doit, vous être chère à plus d'un titre), que de me la céder; dans ce cas,