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         MLLE D E M A G L A N D .

                                  IX.




    Marie ne tarda pas à être instruite du triste événement qui avait
précédé et peut-être causé la mort de son père ; mais livrée tout
 entière à cette affreuse douleur qui laisse sans force, même pour
la prière, lorsqu'un premier rnalbeur vient nous frapper, elle ne
pouvait se détourner de son chagrin pour s'occuper de son avenir.
Raoul qui, depuis la mort de M. de Magland, n'avait fait au Genêt
que de courtes et rares apparitions, était parti subitement pour
Genève, et son absence augmentait encore la tristesse de Marie ;
une lettre, qu'elle attendit longtemps, embarrassée dans l'expres-
sion, où'chaque phrase révélait un sentiment de gêne et de con-
trainte, la jeta dans de sourdes inquiétudes, qu'elle ne pouvait ex •
 pliquer ni vaincre; parfois, l'ame frappée par un vague pressenti-
ment, il lui semblait qu'une voix fatale lui criait : < Pleure, enfant,
                                                       •
pleure tes jours écoulés, pleure tes trésors dissipés, la vie n'a plus
pour toi que des douleurs sans fin et sans espérance. » Exaltée
par le silence et la solitude, Marie ajoutait à tous les rêves de
son imagination malade les tristes réalités qui pesaient sur elle.
Vainement elle avait voulu reprendre ses travaux ordinaires (

  (1) Voiries livraisons 126, 127; 128 et 129, tom. XXI, p. 5 t 3 ; toni.
ifX.II, p. 55, 144 et 248;