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384 DIJON. Dijon est la cité qui répond le plus fidèlement à l'idée qu'on se fait d'une ville habitée par des hommes de loisirs, mais sans qu'il en résulte pour elle stagnation dans les moeurs, tristesse et monotonie dans l'aspect général. Elle fut capitale des Etats souverains de Bourgogne; elle eut dans le monde une grande et noble existence, elle y fit une imposante fi- gure; mais de tous ses souvenirs, de toutes ses institutions d'abord ducales, puis provinciales; de toutes ses splendeurs passées, il ne lui reste que des monuments de pierre et des monuments d'histoire. Celte cité eut un caractère et une phy- sionomie fortement marqués, dans le XVIII e siècle même. Ce n'était plus la ville princière avec sa cour pompeuse et che- valeresque, ses palais, ses grands dignitaires de la couronne ; mais c'était encore le siège du gouvernement général d'une vaste province qui, au midi, se confondait avec le Beaujolais et le Lyonnais ; au nord, touchait aux marches de l'Isle-de- France et de la Champagne, c'était encore le siège d'une cour de parlement savante et fière, où la magistrature conservait toute sa dignité et son indépendance, c'était encore une ville d'Etats, d'université (1), de monastères et d'études; elle résu- mait bien l'œuvre générale de Richelieu et de Louis XIV, qui réduisit à des honneurs et à des litres les grandes positions féodales et provinciales de la vieille France. Le mouvement scientifique, philosophique et littéraire de la seconde moitié du dernier siècle y fut vivement senti dans la société, dansl'aca- démie, dans les cloîtres ; Dijon eut une littérature locale. Il se trouva en ce pays un peuple de salons élégants où l'on fai- sait du bel-esprit ; il sortit de sa célèbre abbaye de Bénédic- tins, de graves et solides travaux ; un homme résuma tout ce mouvement d'idées dont sa patrie était le centre, ce fut le président de Brosses. Une des premières expériences aéros- ( 0 Cette université, toutefois, n'était pas au grand complet.