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                          UGO FOSCOLO.                        377

 lents de quelques êtres placés haut par la fortune, mais bien
 au dessous de lui par les facultés, ne trouve-l-on pas le futur
 grand-seigneur de Weimar? Que souvent lacopo sent et ex-
 prime une souffrance généreuse, quand Werther s'abandonne
 à une moquerie subtile et froide, à de prétentieux raisonne-
 ments! Si l'on approfondit la passion de Werther pour Char-
 lotte, on y découvre plus d'ivresse sensuelle que de tendresse - * ==
 de cœur, et ce fond révoltant d'égoïsme qui enveloppe sou-
 vent d'un nuage de glace la destinée éclatante d'un grand
 poète. Voyez s'il épargne une douleur à cette femme, son
 bien unique pourtant ; il faut qu'elle sache, à n'en pouvoir
 douter, qu'il meurt pour elle et de sa main. Transportez
 Gœlhe dans l'Italie de Foscolo, il verra les fêtes : les specta-
 cles, les œuvres d'art avec une émotion religieuse et passion-
 née ; il fera de la science dans les prairies, sur les montagnes,
sur la plage ; mais aura-t-il des entrailles pour les misères -s>
 politiques? Ces proscrits ne lui sembleront-ils pas des révoltés
qui troublent l'ordre et méritent le malheur? Qu'ils men-
dient ou meurent fièrement affamés, la chose le toucherait
médiocrement, si elle n'allait pas jusqu'à le distraire de ses bon-
heurs d'intelligence. Qu'aura perdu l'Italie? des hommes; il :
yen a partout. Les artistes de génie ont seuls la valeur d'une ,
statue, ou moins encore, d'un débris antique. Il n'a pas dit;
cela ; mais que de choses dans sa vie et ses écrits le disent !
   Maintenant, voyons lacopo aimer Teresa telle qu'elle est,
chaste, mélancolique et vierge. Toutes ses paroles ont une
beauté de pudeur et de respect. Près d'en finir ainsi avec la
vie, il écrit à son amante comme Werther avait écrit à la
sienne ; c'est une douceur qu'il n'est pas assez grand pour
se refuser. Mais que de soins délicats et tendres ; comme il
s'efforce de lui ôter la responsabilité du meurtre ! « Si le ciel
« lui avait laissé une patrie, il aurait donné à celte patrie son
« génie et son sang. » Les pages que Werther emploie à de