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ET DE SA RÉPARATION, 357 loin que leur cœur. Leur philosophie indique le degré d'é- lévation de leur nature, comme la conduite donne ce même degré pour les autres humains. Toutefois nous devons remarquer la différence qui se montre toujours entre les deux classes de nos âmes, selon qu'elles penchent plus du côté de l'orgueil ou du côté de l'a- mour; différence qui, si on veut la suivre sur une échelle plus modeste, produit dans la pratique de la vie, les hommes qui veulent tout raisonner dans la crainte de compromettre leur moi, et ceux qui tout simplement font le bien parbonlé. Quel- qu'éminente que soit la philosophie, on est donc obligé d'avouer ce fait devant elle: Les philosophes se sent tous contredits dans leurs pensées, ils ne sont venus à la suite les uns des autres que pour se combattre ; les saints se sont tous unis dans une même pensée, et ils sont venus à la suite les uns des autres pour s'imiter. Or, à ne prendre que ce fait, il faudrait bien admettre que les premiers, selon le vol de leur cœur, s'échelonnaient plus ou moins haut dans les horizons du vrai ; mais que les seconds avaient touché le centre, puisqu'ils n'en ont plus bougé. Comme on le sent bien, pas plus dans l'ordre de la pensée que dans l'ordre de l'action, on ne peut faire un crime à l'homme de ce qu'il ne se montre pas entièrement dépouillé de l'asséité ; le moi l'arrêtera toujours à quelque cliose qui tiendra de l'homme plutôt que de Dieu. Mais aussi il ne faudrait pas oublier de re- connaître ces hommes qui ont eu le courage héroïque de fran- chir tout ce qui est du moi pour suivre le vol infini de l'a- mour. Les philosophes nous attestent l'égoïsme et les troubles de notre pensée; mais les saints nous en attestent l'amour et la gloire. La philosophie est de longue date sur la terre ; elle a for- tifié l'esprit humain, elle l'a maintenu dans cet état sain de liberté qui est toute la vitalité de l'homme ; enfin, et c'est ce