page suivante »
342 DE LA FAUTE DE L'HOMME ne le possède point; mais tous deux ne cherchent que ce monde. Si le luxurieux n'était pas né dans la fortune, avec une volonté logique il aurait volé pour satisfaire ses passions. Si le voleur était né dans la fortune, il n'aurait jamais cherché à exposer ses jours pour vous faire du mal. On n'assassine pas quand on a cent mille livres de rente. Il faut donc entendre une fois cette vérité : ou vous êtes des hommes d'amour, ou vous êtes des hommes de ce monde. Si vous êtes des hommes de ce monde et n'ayant point foi en la vie absolue, à quoi vous sert de ne pas voler et assassiner comme les autres? Vous avez déjà repris votre cœur à Dieu, à quoi bon paraître encore ce que vous appelez d'honnêtes hommes? le temps est si peu de chose! la Société, il est vrai, vous tient compte de votre modération, parce que les premiers la détruisent directement, et que vous, vous ne détruisez apparemment que vous-mêmes. Mais j'ouvre les yeux sur les faits, et ne me laissant pas imposer par les considérations de la terre, je ne vois qu'une chose : l'homme de ce monde qui tend, soit un bras noirci pour dérober les biens du corps, soit une main blanche pour dérober les biens de l'ame ! Moi, homme! à qui rien de ce qui est de l'homme n'est étranger, je vois un malheureux qui, avec le fer, attente à la vie de son semblable pour lui voler de l'argent; et un infâme qui, avec le vice, attente à son ame pour lui ravir les trésors infinis de sa pureté et de sa vertu ! Le brillant manteau que le Monde veut jeter sur les siens ne les cachera point ; on saura dire : voilà les hommes de la foi, et les hommes du doute ; voilà les hommes qui aiment, et les hommes qui n'aiment pas ; voilà l'amour, et voilà l'orgueil; voilà ce qui est noble et divin, et voilà ce qui est ignoble et dégradé ! Il n'y a plus de remède si vous restez dans votre orgueil ;