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330 DE LA FAUTE DE L'HOMME cœur toutes les vertus de l'amour ; de là nous avons entendu le nom de tous ses éléments prononcé parmi eux. Les premiers sont donc toujours les hommes du plaisir. Us mettent leur bonheur en ce monde, parce qu'ils le veulent tout de suite, parce qu'ils désirent le posséder sans l'obtenir, parce qu'avant tout ils veulent jouir; absolument comme le premier homme. Les seconds sont les hommes du devoir. Ils savent que le bonheur n'est pas de ce monde, parce qu'il ne peut être que dans In possession infinie, parce qu'ils sentent qu'il faut le mériter, parce qu'avant tout ils veulent aimer ; absolument comme la loi qui est en Dieu. Et les premiers, qui ont fait écrouler sur leur tête la loi fondamentale de l'absolu, voient par la même cause s'écrouler autour d'eux la société qu'ils veulent former. Pendant que l'égoïsme, la vanité, l'envie, l'injustice, tout ce que contient le principe de l'orgueil, tendent à les soulever et à les désunir ; les hommes du devoir, interposant entre eux lajuslice, l'éga- lité, les lois, la miséricorde, tout ce que contient le principe de l'amour, tendent à les apaiser et à les unir. Et sur toute la terre je suis frappé du même spectacle : les enfants de l'amour occupés à construire l'œuvre que les e n - fants de l'orgueil travaillent à détruire ! Dans le temps, comme dans l'ordre absolu, je ne vois toujours que ce fait : ou l'a- mour qui édifie, ou l'orgueil qui renverse ; et tous les biens et toutes les vertus de l'homme sortir de l'amour, et tous les maux et tous les vices de l'homme s'échapper de l'orgueil. Car voici comment l'orgueil établit sa génération sur la terre : Et d'abord, en soi, l'orgueil qu'est-il? ia possession de soi-même exclusivement à tout le reste; et, selon l'instinct du moi, la jouissance préférée à l'amour. De là , dans l'or- gueil, l'égoïsme et la volupté ; c'est-à -dire, la haine et la con-