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254                MADEMOISELLE DE MAGLAND.
époque plus rapprochée qu'il n'avait été décidé d'abord. Un mois
fut le dernier terme imposé à l'impatience de Raoul.
    Depuis longtemps des ouvriers de toute sorte avaient envahi
l'aile du château que M. de Magland destinait aux futurs époux, et
travaillaient sans relâche sous l'inspection d'Auguste , qui s'était
constitué directeur en chef de leurs travaux. Tour-à-tour architecte
et décorateur, il devinait et interprétait à merveilles les désirs de
Marie, qui avait fait elle-même le plan de sa nouvelle demeure. Avec
cet à-propos et ce goût qui n'abandonnent jamais un artiste, Auguste
s'était emparé de tout ce qu'il avait trouvé à sa convenance ; ainsi
les magnifiques boiseries sculptées enlevées à la chapelle, quand on
la convertit en bibliothèque, étaient venues revêtir les murs de la
pièce destinée à devenir l'atelier de Raoul. Cette pièce se trouvait
entre la chambre à coucher et la bibliothèque à laquelle elle commu-
niquait par une ancienne tribune dans laquelle Auguste ouvrit une
porte en ogive avec ses étroits ventaux sculptés ; une porte pareille
s'ouvrait à l'autre extrémité de la bibliothèque et donnait sur les
jardins. La tourelle dans laquelle était la bibliothèque, formait l'an-
gle de l'édifice et s'avançait en saillie entre la façade du midi et
celle du couchant, où étaient situés les nouveaux appartements. Cette
disposition architecturale qu'on retrouve en Angleterre dans pres-
que toutes les constructions du temps de la reine Elisabeth, a été
fréquemment imitée en Allemagne et en Suisse.
    Quand M. de Blossac apprit par Raoul que le moment de son ma-
 riage était rapproché, les travaux s'activèrent de plus belle. Auguste
 se multipliant pour les surveiller tous ne quittait plus le Genêt de la
 journée.—Il échappait aux remercîments en assurant que jamais il
 n'avait été si heureux, que depuis qu'il pouvait détruire, construire
et tout bouleverser à son gré. — H y a plus d'égoïsme que vous ne
 pensez dans tout ceci, disait-il, avec cette pointe de laisser-aller d'a-
telier qui ne le quittait jamais, vous ne voyez pas que je me ménage
une chambre au dessus de l'atelier de Raoul, qui sera aussi le mien ?
Aussitôt que je vous aurai vus installés dans votre joli nid, disait-
il à Marie, j'irai rejoindre Rouvray, qui va venir m'attendre à Lyon
 pour aller en Italie, et à mon retour je viens m'établir ici jusqu'à
ce que vous me chassiez ; en attendant laissez-moi achever mon