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218                        DANTE, BOCCACË,

Religieux écoutaient avec un silence attentif la lecture qui
se faisait à fable ; ils se rendaient à des conférences et à des
lectures communes, qui étaient également distribuées pour
chaque partie de l'an ; on lisait les vies des Pères du désert,
les homélies de saint Ephrcm, de saint Césaire et autres. In-
dépendamment des austères pénitences du carême, ils obser-
vaient un autre carême, depuis le lendemain de la Saint-
Martin jusqu'à la Noël. Ils ne possédaient rien en propre, et
si un moine recevait quelque présent, il le portait à l'Abbé ou
au doyen, qui le délivrait aux autres moines, comme bon
lui semblait. Un Religieux était-il dangereusement malade;
dès qu'il avait reçu le saint Viatique et l'Extrême-Onction, et
qu'on le voyait sur le point de trépasser, on retendait par terre
 sur un cilice couvert de cendre, puis, à un signal du prieur,
 tous les frères s'assemblaient autour du malade et se met-
 taient à chanter les psaumes. Quand le malade était mort,
 quelques Religieux veillaient le cadavre au milieu de conti-
nuelles psalmodies, jusqu'à l'heure de la messe (1).
    Il était assez difficile que des hommes qui s'appliquaient à
 garder de si saintes observances, vécussent dans un tel dérè-
 glement que le Mont-Cassin ait pu mériter les violentes pa- \
rôles de blâme que Dante semble jeter contre ce monastère, f
si toutefois ce qu'il dit de quelques autres s'applique égale-
 ment à celui-ci.
    Au XXIIe chant du Paradis, le poète voit un grand nom-
bre d'illustres esprits, tels que
            . . . cent petites sphères, qui ensemble
            S'embellissaient (le leurs rayons mutuels.

La plus grande el la plus brillante de ces perles, qui était

  (i) Storia délia Badia di Monte-Cassino, di D, Luigi Tosli rassinesc; lom. III,
pag. 3Q (Napoli, i8ija-i843, in-S1').