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ET DE SES CONDITIONS. 125 secours parmi des enfanls qui les quittent dès qu'ils savent nager, voler ou marcher? La vieillesse serait pour eux un poids dont les bêtes féroces les délivrent. D'ailleurs, de leurs générations sans obstacles, naîtraient des postérités sans fin, auxquelles le globe ne suffirait pas (1). L'histoire nous ap- prend que, dans tous les temps, chez tous les peuples, la durée ordinaire de la vie humaine a été de soixante-et-dix à quatre-vingts ans. Toutes les tables de mortalité démon- trent, en effet, que l'époque normale de la mort coïncide avec cet âge (2). Ce qui fait, dit Burdach, que la durée de la vie de l'homme surpasse celle des mammifères égaux avec lui en grosseur, c'est qu'il dépasse infiniment ces derniers sous le point de vue moral. Mais l'homme ajourne, c'est une chose non douteuse, l'é- puisement du fonds de sa vie par un régime physiologique et par un régime moral. De prime abord, c'est une chose qui peut paraître chimérique que cette possibilité de lutte entre l'homme borné et une loi primordiale qui règle la durée et la fin, comme l'origine et les développements de la vie : ce- pendant l'art peut indirectement, et mille exemples le prou- vent, comme nous le verrons tout à l'heure, retarder l'heure de la consommation finale ; l'homme centenaire est en quel- que sorte un nouveau Josué qui fixe le mouvement vital au sein d'un organisme, d'où il était prêt à s'échapper. Nous savons qu'une thèse semblable a besoin de quelques déve- loppements : nous souhaitons que les considérations suivantes pénètrent fortement l'intelligence de nos lecteurs, car elles ont trait à un point de physiologie très élevé, et que Barthez seul a osé aborder comme il en était digne. Les lois primordiales, dont nous avons parlé plus haut, (i) FMides de la nature, t. I, p. 321, édit. in-t2. (2) Burdach, t. V, p. 339.