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124 DE LA LONGÉVITÉ rogative; et si on compare la durée de sa vie avec celle des autres animaux mammifères connus, on concevra bientôt qu'il n'est pas de plainte plus injuste que celle qui a pour objet sa brièveté (1). Lorsqu'on réfléchit à l'extrême lenteur qui pré- side à l'évolution de ses divers âges, on se convainct aisément que le temps ne doit point lui manquer : il demeure dans la matrice de celle qui l'engendre presque autant de mois que le cheval, qui a un volume triple du sien; de tous les ani- maux, c'est lui dont la dentition est la plus lente ; comme chez l'éléphant, animal centenaire, ses os se soudent très tard ; sa faculté de propagation ne se déclare qu'au bout de la pé- riode de quatorze années, ce qui n'a pas lieu chez d'autres mammifères. Haller, d'après ses nombreux travaux, ferait reposer celte aptitude plus grande à la longévité sur des qualités spéciales à la fibre humaine, et en particulier sur sa trame celluleuse, qui est plus souple et plus délicate que celle des autres animaux (2). Mais sans nier ce que cette condition importante de texture peut avoir d'influence sur la longueur de la vie, il est juste de reconnaître d'autres causes plus générales, qui tiennent sous leur dépendance le type propre de l'être. Remontons au grand principe de la nature, dit, à cet égard, Bemardin-de-Sainl-Pierre, elle destine peu d'animaux à mourir de vieillesse, et je crois même qu'il n'y a que l'homme a qui elle ait donné de par- courir la carrière entière de la vie, parce qu'il n'y a que lui donl la vieillesse soit utile à ses semblables. A quoi servi- raient , parmi les bêtes, des vieillards sans réflexion, à des postérités qui naissent avec toute leur expérience? D'un autre côté, comment des pères décrépits trouveraient-ils des (i) Brumenbach, p. 3 2 5 . — Haller, t. VIII, p. y. (2) Se quoJ capul rei est, homini pra> omnibus quadnipedibiis mollissima est .celliilosa tela, et univers» fabrica tenerior, p. 82.