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DE BUGKY. 83 de la suivante, à étendre son influence, à atténuer l'igno- rance et la férocité de ces temps déplorables. Le clergé s'at- tribue des lois propres et distinctes; il agrandit ses préroga- tives ; il prend une large part dans le mouvement des affaires séculières, en recevant de la libéralité des princes une grande puissance temporelle et des richesses considérables. De nombreux monastères, fondés par de saints personna- ges, richement dotés par les princes et les seigneurs, s'élè- vent de toutes parts ; ils reçoivent aussi des immunités et des attributions très étendues. Ces couvents gardent en dépôt les chefs-d'œuvre des littératures anciennes ; ils sont un asile inviolable contre les excès d'une société violente et déré- glée; sous leurs murailles respectées, des populations vien- nent chercher un asile protecteur ; des habitations s'y ag- glomèrent et finissent par former des villes et des bourga- des. En même temps, la féodalité, destinée à être, durant des siècles, une grande institution sociale, se constitue au préju- dice du pouvoir monarchique et au détriment des peuples ; elle devient graduellement une usurpation des seigneurs qui profitèrent de la faiblesse de leurs souverains pour s'attribuer une plus grande puissance. Nous avons indiqué son origine, en montrant, sous les rois bourguignons, les comtes investis, dans les districts, de tous les pouvoirs du souverain avec des terres affectées à ces emplois exorbitants. Ces districts ou cantons devinrent des tiefs, cons- titués à temps, puis à vie, puis enfin héréditaires. Les escla- ves qui cultivaient la terre restèrent serfs et payèrent un cens. Les hommes libres, exempts d'impôt, assujétis seulement au service militaire, conservèrent leurs propriétés ou leurs aleus avec la faculté de les convertir en sous-fiefs ou arrière-fiefs. Tout fief eut sa justice seigneuriale. Ainsi organisées ces ins- lilutions donnèrent naissance à beaucoup d'usages auxquels