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 à remplir ces honorables fonctions, il les exerça jusqu'en
  1729. En quittant cette p l a c e , il prononça un discours qui a
 été imprimé , et dans lequel on remarque le passage suivant :
  i      Convaincu de l'importance et des difficultés de la place
 qui m'est offerte , effrayé par un fatal enchaînement de cir-
constances redoutables, intimement pénétré de ma propre
 insuffisance , ce n'est que l'obéissance à des ordres réitérés
 qui m'a soumis à porter un fardeau trop au-dessus de mes
forces. Mes craintes n'étaient que trop bien fondées ; une sub-
 sistance peu assurée et ruineuse, un vide immense à r e m p l i r ,
une cessation presque général de t r a v a i l , q u i , après avoir
occasionné la plus affreuse misère , nous menaçait de suites
encore plus terribles : tels sont les écueils qui se sont multi-
pliés sous mes premiers pas. Toute la p r u d e n c e , les s o i n s ,
 la vigilance de mes prédécesseurs n'avaient pu les prévenir;
 quelle puissance secourable les écartera ? le souffle léger d'un
véirt favorable suffit pour dissiper les orages les plus noirs.
Un hasard heureux , parlons plus chrétiennement, la provi-
dence paternelle, qui veille sans cesse sur nos besoins, a dé-
tourné ces orages ; le calme et la tranquillité sont venus ha-
biter parmi nous ; votre charité généreuse a soutenu nos m a -
nufactures contre la plus violente secousse qu'elles aient
éprouvée. Nos arts ont été secourus et encouragés , l ' e s p é -
rance s'est ranimée ; tout semble avoir repris une vie nou-
velle      Les embellissements , les décorations extérieures
sont les suites agréables de l'abondance ; les temps et mille
circonstances m'ont envié cet avantage ; vous ne verrez point
mon nom gravé sur vos monuments p u b l i c s , mais j'ose me
flatter qu'il sera gravé dans vos cœurs         »
    A cette affreuse misère, que Laurent Dugas eut la gloire de
faire cesser ,. se rattache une anecdote que nous ne pouvons
nous dispenser de rapporter , et qui se trouve dans la Biblio-
thèque des gens de cour , du lyonnais Gayol de Pitaval, t. v,
p . 1 5 1 , édition 1725.
   Les boulangers, se flattant d'obtenir d e M. Dugas la permis-