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483 à remplir ces honorables fonctions, il les exerça jusqu'en 1729. En quittant cette p l a c e , il prononça un discours qui a été imprimé , et dans lequel on remarque le passage suivant : i Convaincu de l'importance et des difficultés de la place qui m'est offerte , effrayé par un fatal enchaînement de cir- constances redoutables, intimement pénétré de ma propre insuffisance , ce n'est que l'obéissance à des ordres réitérés qui m'a soumis à porter un fardeau trop au-dessus de mes forces. Mes craintes n'étaient que trop bien fondées ; une sub- sistance peu assurée et ruineuse, un vide immense à r e m p l i r , une cessation presque général de t r a v a i l , q u i , après avoir occasionné la plus affreuse misère , nous menaçait de suites encore plus terribles : tels sont les écueils qui se sont multi- pliés sous mes premiers pas. Toute la p r u d e n c e , les s o i n s , la vigilance de mes prédécesseurs n'avaient pu les prévenir; quelle puissance secourable les écartera ? le souffle léger d'un véirt favorable suffit pour dissiper les orages les plus noirs. Un hasard heureux , parlons plus chrétiennement, la provi- dence paternelle, qui veille sans cesse sur nos besoins, a dé- tourné ces orages ; le calme et la tranquillité sont venus ha- biter parmi nous ; votre charité généreuse a soutenu nos m a - nufactures contre la plus violente secousse qu'elles aient éprouvée. Nos arts ont été secourus et encouragés , l ' e s p é - rance s'est ranimée ; tout semble avoir repris une vie nou- velle Les embellissements , les décorations extérieures sont les suites agréables de l'abondance ; les temps et mille circonstances m'ont envié cet avantage ; vous ne verrez point mon nom gravé sur vos monuments p u b l i c s , mais j'ose me flatter qu'il sera gravé dans vos cœurs » A cette affreuse misère, que Laurent Dugas eut la gloire de faire cesser ,. se rattache une anecdote que nous ne pouvons nous dispenser de rapporter , et qui se trouve dans la Biblio- thèque des gens de cour , du lyonnais Gayol de Pitaval, t. v, p . 1 5 1 , édition 1725. Les boulangers, se flattant d'obtenir d e M. Dugas la permis-