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                              ft|0tt.
   Mme Dorval, cette grande actrice du drame, dont nous ne
connaissions ici que la réputation, vient de se révéler sur
notre première scène. Nous avons battu des mains avec la
foule, pleuré et frémi avec elle devant ce talent si vrai et
si énergique, devant cette nature si frêle et si nerveuse , de-
vant cette puissante intelligence qui conçoit et qui crée. En
elle, nous avons déjà eu quatre types de femme bien dis-
tincts , bien tranchés : Clothilde, la Thisbé , Adèle d'Hervey
et cette pure et ravissante Ritty-Bell, l'ange de cette admi-
rable élégie en trois actes , intitulée : Chatterton. Voici des
vers en l'honneur de Kitly, le plus beau rôle de Mme Dorval,
peut-être parce que c'est le dernier dans lequel nous l'ayons
vue.
                           A M Å“e DORVAL.

                                 SONNET.

          Céleste Kitty-Bell , à l'ame chaste et pure ,
          Vierge religieuse au corps harmonieux,
          Et dont la voix divine, alors qu'elle murmure ,
          Rend des sons dérobés à la harpe des cieux.
          Lorsque le vice et l'or, ces tyranniques dieux,
          Plongent l'humanité dans une nuit obscure,
          Et lui fait dans le cœur une immense blessure ;
          La poésie alors incline ses beaux yeux ,
          Heureuse de trouver un être qui comprenne
          Que lorsque l'homme souffre, il faut qu'on le soutienne,
          Qui prête à ses douleurs d'énergiques accents.
         Quand à notre côté cet ange solitaire
         Paraît, on n'a pour lui qu'une seule prière,
         C'est qu'à notre chevet il veille bien long-temps.
                          (Pendant l'enlr'acte, ce 9 novembre 4836.)
                                              J. B. P.