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41G de lilas pâle , en nageant dans une riche atmosphère. Cet astre venait de frapper de ses derniers faisceaux lumineux le point que j'occupais. Les ombres de la nuit commençaient à remonter de la Saône , à gravir les hauteurs qui la tiennent resserrée, à voi- ler les sommets les plus élevés. La lassitude , l'exercice d'une longue promenade , avaient un peu abattu mes forces ; je m'étais assis , et m'abandonnais à mes réflexions. On comprend comment ceux qui visitent ce point élevé sentent l'éblouissement qui passe des yeux à l'amc, éprouvent tout ce qui peut frapper l'esprit et l'imagination , tout ce qui peut faire penser et r ê v e r , lorsque le soir, par un clair de lune splendide qui se réverbère sur Lyon et ses campagnes , et jusque sur les lignes blanches des neiges éternelles des Alpes, le spectateur s'assied sous l'un des arbres qui abritent l'hermitage du Mont-Cindre, il se croirait alors à cent lieues du monde , si les bruits tumultueux et confus de L y o n , ne venaient retentir sous le toit paisible de cet h e r m i l a g e , et mourir dans les rameaux frémissants des arbres de la colline. Tous ces bruits ressemblent tantôt aux derniers cris des nations expirantes ou au dernier murmure d'une grande c i t é , tantôt à la voix des grandes mers ou au bruissement d'une ruche trop pleine ; ils se confondent par instant dans un seul bour- donnement sourd et indécis. Si vous vous tournez alors vers le ciel,à l'aspectd'ime de ces belles nuits, vous sentez se réveiller en vous les sentiments tendres et les souvenirs affectueux. « Rien n'est plus propre à vous consoler des peines de la vie « que la vue de celte multitude de mondes , de celle poussière « d étoiles , semée dans l'étendue du firmament ; en présence « de cette immensité , quel homme n'a pas senti le néant des « choses humaines? quel homme n'a pas oublié les empires « et leurs révolutions! à force de contempler ces beaux ta- ct bleaux , j'ai pu reconnaître qu'ils fortifient loules les passions « généreuses et qu'ils affaiblissent toutes les autres. Je ne crois « p a s que l'avarice, l'égoïsme , l'ambition aient jamais re-