Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                  405
    Tous ces tableaux ravissants s'agrandissent encore à l'aspect
de l'immense horizon qui s'étend en cercle autour de vous,
car du s o m m e t , on découvre un des plus grands et des plus
magnifiques spectacles qu'il soit donné à l'homme de contem-
pler : un ciel déroulant un champ d'azur; un air p u r , doux,
diaphane vous permet de discerner les objets à 30 et 50 lieues
de dislance. La vue se promène à l'orient sur cette éminence
lointaine de montagnes festonnées p a r l e s mille et mille points
des Alpes blanchissantes qui se fondent dans le firmament;
elle se repose agréablement à l'occident sur les jolies mon-
tagnes de la Loire qui ondulent avec grâce en s'alignant avec
les monts du Beaujolais. Les regards sont frappés au sud par
le Mont Pilât qui semblent flotter à l'horizon comme un nuage,
et au septentrion par la chaîne des montagnes de la Suisse,
du Jura et des Yosges. Entre la plupart de ces chaînes qui
offrentde molles inflexions, d'agréables ondulations, des pom-
pes sévères, on découvre des terres boisées, des plaines,
des belles vallées, des gorges sombres et profondes , des fleu-
v e s , des rivières, des torrents, et des ruisseaux, de petites
m e r s , des lacs et des étangs. Si vous ajoutez à ce majestueux
ensemble la grâce et la couleur infinie des innombrables dé-


« considère l'espèce humaine comme une grande famille qui s'avance vers
«  le même but ; si l'on ne s'imagine pas que tout est fait ici-bas , pour qu'une
« petite province , un petit royaume , restent éternellement dans leur igno-
« rance , leur pauvreté , leurs institutions politiques , telles que la barbarie,
« le temps cl le hasard les ont produites , alors ce développement de l'indus-
« trie et du commerce, des sciences et des arts, semblera ce qu'il est en.
« effet, une chose légitime et naturelle. Dans ce mouvement universelle , on
« reconnaîtra celui de la société , qui finissant sou histoire particulière , com-
« mence son histoire générale.
  « Autrefois, quand on avait quitté ses foyers comme Ulysse , on était un
« objet de curiosité: aujourd'hui, excepté une demi-douzaine de person-
« nages hors de ligue par leur mérite individuel, qui peut intéresser au
« récit de ses courses ? >
<                         >
                         (Chateaubriand, voyages, loin. 1 , préface).