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379 M. Grayet suffit par son activité à la surveillance d'un aussi vaste atelier. Ses connaissances spéciales lui ont assuré parmi les connaisseurs une réputation que ses produits n'ont pas encore démentie. En quittant cette fabrique , pour se rapprocher de la ville par les prés de l'Académie, l'on rencontre plusieurs i m p r i - meries sur éloffe de soie. Vous les d é c r i r e , serait répéter les détails qu'on vient de lire. Rien ne ressemble plus à une fabrique de papiers peints qu'une imprimerie sur étoffe ; le fond seul a changé , les manipulations sont les mêmes. J'ai vu chez un imprimeur sur éloffe un devant de cheminée peint avec un dessin fait pour des châles ; l'effet en était fort joli. Cependant dans celte dernière industrie, il importe d'ap- porter plus de soins à la préparation des couleurs , à la cor- rection des dessins, à la régularité et à l'harmonie des nuan- ces. La partie des réserves exige surlout une attention toute particulière. Le tissu , plus résistant que le papier , permet l'emploi de rongeurs, qui décolorent à volonté les endroits déjà peints, pour produire tel effet indiqué. L'emploi du coloriste est fort important. On attache le plus grand prix à la solidité et à la vivacité des couleurs. Un bon coloriste doit être pourvu de la connaissance intime des matières colo- rantes , de telle s o r t e , qu'une nuance lui étant donnée , il puisse sur le-champ la reproduire. On a vanté long-temps la neltelé et la fixité désespérante des foulards de l'Inde ; aujourd'hui une foule de fabriques fait aussi beau , aussi durable. On achètera encore des pro- duits de l'Inde , ce sera par caprice de m o d e , mais jamais plus par nécessité. Le talent du dessinateur pèse beaucoup aussi dans les des- tinées d'un établissement de ce genre. Aussi bien qu'une nuance nouvelle , un dessin nouveau , s'il rencontre le goût du m o m e n t , fait le succès d'une étoffe. Heureuse la maison qui réunit un dessinateur et un coloriste habile : l'un et l'au- tre sont rares.