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qui était de garde chez les représentants. Cet outrage fait à
la vertu et à l'innocence, la lui fit accueillir à sa descente
dcl'échafaud. Il s'étudia à verser la consolation dans son âme ,
à l'assurer qu'il n'approuvait point la conduite infâme des re-
présentants, et, pour lui en donner une preuve incontestable,
il lui demanda sa main et l'obtint.
    Cependant Laporte député accorda la liberté d'un citoyen,
à la sollicitation de son épouse , femme d'une grande beauté.
Soit reconnaissance, soit que ce fut un prix exigé d'elle
en échange de la faveur qu'elle venait d'obtenir, elle di-
vorça et partagea sa couche avec ce représentant, après l'avoir
épousé.
   Sans doute on ne pense pas que les vertus républicaines,
portées même au plus haut degré d'austérité, aient jamais
présidé à la conduite de ces odieux ministres de la Convention
et de ia mort. Les preuves d'immoralité qu'ils ont fait écla-
ter pendant le cours de leur mission; leur faste asiatique
dans une ville dont ils dirigeaient la démolition contrastaient
autant avec les principes de sans culolisme qu'ils prêchaient
au p e u p l e , que leurs mitraillades sans cesse renouvelées,
avec ceux d'humanité, de justice, dont ils osaient aussi profé-
rer quelques fois, ou plutôtblasphémer les noms. Café, sucre,
vins^ liqueurs, mets exquis, tout était mis en réquisition
pour leur gourmandise. Ce que les magasins conservaient
encore de plus recherché en bas de soie, en étoffes de toutes
les espèces , les ameublements les plus riches, les hôtels les
plus fastueux leur appartenaient du droit de préhension, et i\
n'en coûtait à leur mollesse et à leur cupidité toujours in-
satiables que de désirer. Un ordre à la Commission suffisait,
et par sa complaisance sans b o r n e s , elle s'empressait d'ache-
ter l'impunité de ses brigandages personnels et de son luxe
effréné. La Commission temporaire s'était aussi emparée pour
seloger des plus belles maisons de la rue Sle-Catherine; e t ,
comme si elle eut voulu immortaliser son affreuse résidence
dans celte ville, elle changea le nom de la rue qu'elle habitait