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reçues à l'affaire du 29 m a i , était grièvement dénoncé, fut
arrêté à sa place et conduit en prison. Un mot pouvait le
rendre à la liberté, à la vie. Il se t u t , fut condamné et mar-
cha gaîment au supplice.
    Les deux frères Bruysel, imprimeurs-libraires, tous deux
jouissant d'une probité exemplaire, furent incarcérés comme
ayant participé à la défense de Lyon. L'aîné chargé du papier-
 monnaie, dit billet de siège obsidional. Sa signature était m ê m e
apposée au bas de ces billets. Malade, il fui mis dans une in-
 firmerie. Le frère cadet fut mis en jugement. On lui présente
les billets et la signature. Il répondit que la signature était
bien celle de Bruyset. Ce peu de mots équivoques suffit au
tribunal pour éclairer leur conscience. Ils l'envoyèrent à la
mort. Ce trait de générosité devient encore sublime, si l'on
considère que ce citoyen en se sacrifiant pour son frère qu'une
maladie avait fait transporter dans un hospice, s'arrachait à sa
femme et ses enfants qu'il a laissés en mourant au soin de
son frère. Certainement l'ingratitude, dans une pareille cir-
constance , serait un crime.
    Ce dernier trait eut lieu à l'occasion de l'évasion des pri-
sonniers de la cave dite la mauvaise cave; c'était là que l'on
déposait les condamnés avant de les conduire au supplice.
Ceux qui étaient sortis du tribunal la veille de la décade ,
attendaient jusqu'au surlendemain pour subir leur m o r t ; car
les décades, les tribunaux et les autorités existantes, don-
naient des fêles au p e u p l e , qu'ils préparaient par leurs dis-
cours féroces aux scènes sanglantes qui devaient se succéder
rapidement dans le cours de la décade. A la faveur de cet in-
tervalle , un détenu avait projeté son évasion. 11 reçoit par un
soupirail tous les instruments nécessaires pour l'effectuer, et
la nuit qui devait précéder leur supplice, elle fut exécutée au
milieu des plus vives alarmes et des obstacles qui eussent été
insurmontables pour tout homme qui n'eut pas eu la certitude
de la mort. Quinze échappent. Couchoux fils \>ient briser les
chaînes de son père octogénaire, et dont les jambes enflées