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elle-même déserta ses foyers , pour venir dans Lyon se re-
produire aux yeux de l'empereur , son idole.
   Soixante nations se disputèrent lâchement l'honneur d'éri-
ger un temple à Auguste, et cet édifice magnifique fut cons-
truit au confluent du Rhône et de la Saône , et embelli par
soixante statues, qui offraient un spectacle lout-à-fait nouveau
alors dans celle ville.
   Un siècle s'était à peine écoulé depuis sa fondation , qu'un
incendie des plus terribles la consuma dans une nuit, et ne
laissa au lever du soleil que des monceaux de cendres : le
temple d'Auguste et un lycée construit sous les auspices de
Caligula , avaient seuls échappé aux flammes. Néron fournit
les fonds nécessaires pour la reconstruction de la ville (1); ett,
dans peu de temps , son industrie et le concours des étrangers
lui rendirent son premier état de splendeur.
   Le commerce donnait alors une grande influence aux Lyon-
nais parmi les autres peuples de la Gaule ; ses richesses ache-
vèrent de l'enorgueillir. La religion chrétienne comptait déjà
quelques prosélytes dans Lyon. Ces nouveaux convertis ne
purent voir sans horreur les apprêts des Décennales, fêtes ins-
tituées à Lyon. La majorité des Lyonnais s'irrita de ce refus ;
le fanatisme d'un côté , et la crainte de déplaire à l'empereur
de l'autre, armèrent les citoyens les uns contre les autres,
et trente mille hommes périrent.
   Ce premier massacre pour les opinions religieuses se re-
traça sous le règne affreux de Charles IX. Un nommé Mande-
lot avait remplacé le gouverneur , homme plein de vertus :
des lettres de Catherine Médicis arrivent quatre jours après le
massacre de Paris , avec ordre à la ville de Lyon de les imiter.
Le gouverneur rassemblant les protestants , les fait enfermer
dans différentes maisons, et le signal du massacre est donné.


   (1) On n'est pas d'accord sur la quotité de la foinme donnée par Néron
aux Lyonnais, mais il est bien certain que cet empereur ne fournit point la
totalité des fonds nécessaires pour la reconstruction de la ville de Lyon, A.