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272 Voici un autre fait du même genre : Dubois-Crancé avait fait disposer un radeau charge de feux d'artifice , pour faire sauter le pont Morand. Un brave gentilhomme ^ M. Tourlou- lon de la S a l l e , qui commandait au poste des Brottcaux, aperçoit trois brûlots qui allaient atteindre le pont; sous le feu le plus terrible de l'ennemi, il se jette clans un batelet avec quatre grenadiers, et il arrache les mèches presque au m o m e n t de l'explosion. Ce qui fut vraiment prodigieux., dans ce siège, où furent consommés plus de vingt-sept mille b o m b e s , de onze mille boulets, cinq mille obus et trois cents milliers de poudre, C'est que huit mille combattants lyonnais, qui presque tous faisaient leur premier apprentissage des armes, nepurent. mal- gré des combats de tous les jours, malgré les fureurs des monta- gnards de l'Auvergne, dont Couthon avait ordonné la levée en masse, malgré la fatale arrivée de trois mille hommes de la gar- nison de Yalenciennes , enfin, malgré une armée de soixante- dix mille h o m m e s , dont la moitié se composait de troupes aguerries, ne purent être chassés d'aucun des postes les plus importants pour la sûreté de la ville ; seulement ils perdirent fort lard le château de l a D u c h è r e , et un seul poste avance de la Croix-Rousse. . Depuis quelques années, l'industrie et l'activité lyonnaise combotdu avaient conquis à grands frais, sur le Rhône, un terrain pré- *>«• cieux nommé Perrache (1), dans l'endroit même où ce fleuve impétueux va recevoir les eaux tranquilles de la Saône. Ce vaste terrain, ajouté à la ville, n'offrait point alors ces belles maisons et ces manufactures qui le décorent aujourd'hui. C'é- tait une plaine inculte qui n'opposait aucun obstacle aux as- saillants. S'en rendre maître, c'était le moyen le plus sûr et le plus direct de s'emparer de la ville. Les Lyonnais avaient pressenti ce danger. A l'extrémité du terrain, ils avaient garni (1) Voir, sur la'journée du 29 septembre, la 17e livraison de la Revue au Lyonnais,