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£58 pirations des beaux-arts. Il fallut gratifier celte colonie de privilèges municipaux d'une grande étendue. Lyon répondit si bien et si rapidement aux vues d'Auguste, que ses plus féroces successeurs, les Tibère , les Caligula , les Claude, se firent une loi de maintenir et d'augmenter ces privilèges (1). Elle comptait déjà une population de 80,000 âmes et nom- bre d'établissements somptueux, lorsqu'un incendie la dé- vora tout entière sous le règne de Néron , qui la fit rebâtir avec autant de célérité que de magnificence. Le christianisme trouva , dès le commencement du second siècle, mille faci- lités à s'introduire dans une ville où une florissante et labo- rieuse Académie avait éveillé le goût des méditations fortes. Lyonfutrougie(2)du sang des martyrs qu'il produisit en fou- le ; mais ce sang ne fut pas perdu pour la foi, et Lyon conquit une suprématie religieuse qui répandit sur l'universalité des Gaules une lumière nouvelle. Les Barbares signalèrent leur fureur contre la cité chérie desRomains. De toutes les villes de France,ce fut celle qui eut le plus à souffrir de leurs incendies ; mais elle était prompte à réparer ses ruines. Je ne suivrai point la vicissitude de ses destinées sous les deux premières races de nos rois, ni pen- dant les temps féodaux. Dès que l'anarchie de ces temps fut (1) Caligula porta son extravagante férocité jusques dans les règlements qu'il donna à l'Académie de Lyon. On sait à qnelles peines il condamnait les rhéteurs mal habiles. On a trouvé dans cette ville et l'on y montre encore sur des tables de bronze le texte de la harangue que l'empereur Claude pro- nonça pour faire admettre les principaux habitants de la Gaule , et particu- lièrement les Eduens au titre éminent de sénateurs. Tacite a cité cette ha- rangue avec complaisance. Mais on voit que cet historien n'a guère respecté que le fond des pensées, et qu'il en a beaucoup embelli et fortifié le style. En écrivant l'histoire de la révolution française , nous rencontrons bien des discours dont le texte littéral ne pourrait se reproduire sans une extrême fa- tigue pour les lecteurs. {Note de M. Lacretelle). (2) Nous respectons, sans l'admettre , l'orthographe de M. Lacretelle. (Note de l'Éditeur).