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                        oém.


              LE         CHÊNE.
                         Elégie.


Arbre qui fus un gland dans les mains de mon père,
Et qui devins plus lard l'orgueil de ce ruisseau,
Qui de ton ombre amie as couvert mou berceau ,
Et qui m'as vu jouer sur le sein de ma mère ;

Bien des flots à tes pieds ont roulé leur azur,
Bien des vents déchaînés par l'inflexible orage
De cette onde limpide ont troublé le Ilot pur,
Depuis que je dormais enfant sous ton ombrage.,.

Temps heureux par un autre, oh ! si vite effacé !
Dont le souvenir reste en mon ame flétrie
Comme sur ton écorce où la sève est tarie
Mon nom se lit encor presque à demi tracé !

Après bien des écueils battu par la tempête,
Sur ce bord regretté je viens encore m'asseoir ,
Te demander un peu d'ombrage pour ma téta .
Et pour mon cœur brisé le doux calme du soir.

Mais toi-même du temps as subi le ravage,
Comme moi du destin tu sais les rudes coups....
De l'ouragan qui bat Ion paisible rivage
Ce tronc cicatrisé révèle le courroux.. .

Ainsi, ta destinée à la mienne ressemble :
Nés presque en même temps , nous avons résité >
Le chêne aux éléments, l'homme à l'adversité.,.
     Hélas! vieillirons-nous ensemble !
                                      St-Chamond. — 1836.
                                               F . COIGSET.