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 selon nous, qu'une seule et bonne littérature, c'est celle qui s'assure une
longue vie, soit par le charme da style, soit par la profondeur de la
pensée, soit par le but qu'elle se proposé. Nous voulons le progrès pour elle
comme pour toute chose. II nous semble donc que la littérature de Cha-
teaubriand, de Lamartine, de Nodier, de Bérenger, de Paul-Louis Courier '
de Georges Sand n'est pas plus coupable des boursoufilures de style de
Certains écrivains et du mauvais goût de la tourbe servile des imitateurs que
la littérature de Corneille, de Molière et de Voltaire n'est solidaire de la
littérature impériale, froide et compassée. Les Feuilles d'Automne et Notre
Dame de Paris ne rachètent-ils pas les drames sans portée de Victor Hugo ? Le
charme et la grâce du style d'Alexandre Dumas ne font-il donc pas excuser
l'exagération des situations de quelques-uns de ses ouvrages? Comparez
donc le journalisme de 1850à celui de 1815 sans remonter bien loin. Et le
roman tel que le font Balzac et ses disciples ne vaut-il pas celui de Ducray-
Duminil, Florian, Pigault, etc. Vous criez analhéme sur le drame, et n'avez-
yous pas eu le mélodrame dont nos bonnes ne veulent plus ! Et sommes-nous
donc bien à'plaindre d'être affranchi des fadeurs mythologiques et du moule
tragique dans lequel MM. Jouy etÀrnault nous jetaient leurs œuvres. Loève-
Veymars, Janin, Desnoyers, Fortoul et Gozlan nous laissent-ils regretter les
Ermites et les Rôdeurs, Rougcmont, Jay, Jouy et Colnet.
    Soyons donc de notre époqne, mais sans exclusion ; portons les yeux en
avant, mais regardons parfois en arrière. On est, selon nous, aussi ridicule
et coupable en méconnaissant ce qu'offre de sève et de coloris, de mouve-
ment et d'intérêt, la littérature nouvelle que le seraient ou qu'on pu l'être
de maladroits fanatiques en blasphémant contre les grands hommes des
siècles passés.
    Au bruit de l'assemblée qui se dispersait après avoir entendu M. Lacre-
telle,M. Grognier a proclamé, comme ayant obtenu les prix de la fonda-
tion de M. le Duc de Plaisance , les noms de MM. Guilliny et Victor Lenoir.
Ce dernier a reçu des mains du président une médaille qu'il pourrait
partager avec M. Horace Verzier pour le beau et récent travail de celui-ci:
Les tables de dividendes.
                                                 LÉON BOITEL.