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seigner des jésuites, qui avait été vivement critiquée dans un-
article sur les Collèges, fourni par Dalembert kl'Encyclopédie.
Il était en effet très-naturel qu'un jésuite prît la défense de sa
compagnie ; mais les encyclopédistes n'aimant pas les contra-
dicteurs , le P. Tolomas leur fut dénoncé; et, comme il
fallait le châtier de sa témérité, on prétendit, à tort ou à rai-
son, qu'il y avait dans sa harangue des personnalités si fortes
contre M. Dalembert, que celui-ci ne pouvait se dispenser de
rompre une lance avec le disciple de Loyola. S'il fallait en
croire Voltaire, qui se trouvait alors à Lyon, mais qui bien
certainement n'avait point assisté à la cérémonie de la ren-
trée des classes, le P. Tolomas aurait ainsi désigné Dalem-
bert : Homuncio cui nec est pater, nec res (1). Si celte phrase
se trouvait réellement dans la harangue du P. Tolomas ,
Dalembert était fondé à se plaindre. Peut-être aurait-il pu se
taire si l'orateur se fût borné à dire qu'il n'avait ni père ni pa-
trimoine ; mais être qualifié de petit boutd'bomrne, luiquipas-
sait alors pour un si grand génie et pour un si grand homme ;
le mot était par trop dur. Le discours n'avait pas été impri-
mé, mais, vraie ou fausse, la phrase incriminée circulait de
bouche de bouche. Enfin, poussé par ses amis, et après avoir
médité pendant deux mois entiers sur ce qu'il devait faire (2),

  (1) Voici un extrait de la lettre que Voltaire écrivit de Ljon le 6 dé-
cembre à M. Dupont, avocat à Colmar : «....Un Père Tolomas s'avisa, il y a
« quelques jours, de prononcer un discours aussi sot qu'insolent contre les
» auteurs de l'Encyclopédie; il désigne Dalembert par ces mots: Homuncio
« cui nec est pater, nec res *. Le même jour M. Dalembert était reçu à l'A-
« cadémie française. Le P. Tolomas a excité ici l'indignation publique. Les
« Jésuites sont ici moins craints qu'à Colmar....»
  (2) On trouve la preuve de l'hésitation de Dalembert à se plaindre, dans
une lettre écrite le 13 août 1850, à M. Breghot par M. Guillaume , de l'Acadé-

  * M. Beuchot renvoie ici à Horace , AKT POÉT. , v. a48 ; ce qui pourrait faire croire que.
la phrase même est d'Horace , tandis qu'elle ne contient qu'une allusion à ce vers :

                     Offeuduntur enim , quibus est equus et pater et res.
                                                   NOTE de M. Breghot du    Lut,