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       — Bon , voilà que vous êtes comme les autres qui ne veu-
    lent rien croire.
       — Ecoutez donc, Renouard, quand il s'agit de la vie d'un
    homme , faut y regarder à deux fois.
       — D'accord, mais quand les preuves sont là , qu'avez-vous
    à répondre ? Est-ce que tout le monde ne sait pas que notre
    jeune dauphin était en santé lorsqu'il arriva avec son père ,
    François 1 er du nom , dans la bonne ville de Lyon ?
      — A vrai dire , je n'ai jamais bien connu les circonstances
    de sa mort, et quand je prends parti pour ce gentilhomme de
    Ferrare , ce n'est pas que je sois l'ami des Italiens , mais vous
    savez, faut avoir une opinion et je ne veux pas rester court.
      — Prenez garde de trop parler, maître-, on ne sait pas
   ce qui peut arriver, et si messieurs de la justice vous tenaient
   une fois dans leurs mains, il ne faudrait qu'un ennemi pour
   vous faire condamner.
      — Est-ce qu'on me prendrait pour un hérétique ?
       - N o n , l'on sait bien que vous êtes bon catholique, et
   que vous assistez dévotement au saint office de la messe,
   mais ça ne suffit pas toujours, et la prudence est bonne à
   mettre en pratique.
      — Voulez-vous m'effrayer, père? contez-moi plutôt comme
   quoi le seigneur Sébastiano Monte-Cuculli, gentilhomme de
  Ferrare, se trouve aujourd'hui atteint et convaincu de crime.
      — Je le veux bien, mais parlons bas ,' il y a là des figures
  douteuses qui m'ont tout l'air de méditer une mauvaise ac-
  tion.
     Les deux hommes s'éloignèrent un peu , et Renouard com-
 mença ainsi :
     Vous saurez donc, Nicolas, que notre bien-aimé monar-
 que passa par Lyon, il y a trois mois, pour se rendre dans
 la Provence, que son ennemi Charles-Quint menaçait d'enva-
 hir. Il s'arrêta seulement quelques jours dans notre grande
cïté etxjaissa le dauphin, que les jeunes seigneurs étaient ja-
loux de "retenir dans l'espoir de lui donner quelques fêtes