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162 — Bon , voilà que vous êtes comme les autres qui ne veu- lent rien croire. — Ecoutez donc, Renouard, quand il s'agit de la vie d'un homme , faut y regarder à deux fois. — D'accord, mais quand les preuves sont là , qu'avez-vous à répondre ? Est-ce que tout le monde ne sait pas que notre jeune dauphin était en santé lorsqu'il arriva avec son père , François 1 er du nom , dans la bonne ville de Lyon ? — A vrai dire , je n'ai jamais bien connu les circonstances de sa mort, et quand je prends parti pour ce gentilhomme de Ferrare , ce n'est pas que je sois l'ami des Italiens , mais vous savez, faut avoir une opinion et je ne veux pas rester court. — Prenez garde de trop parler, maître-, on ne sait pas ce qui peut arriver, et si messieurs de la justice vous tenaient une fois dans leurs mains, il ne faudrait qu'un ennemi pour vous faire condamner. — Est-ce qu'on me prendrait pour un hérétique ? - N o n , l'on sait bien que vous êtes bon catholique, et que vous assistez dévotement au saint office de la messe, mais ça ne suffit pas toujours, et la prudence est bonne à mettre en pratique. — Voulez-vous m'effrayer, père? contez-moi plutôt comme quoi le seigneur Sébastiano Monte-Cuculli, gentilhomme de Ferrare, se trouve aujourd'hui atteint et convaincu de crime. — Je le veux bien, mais parlons bas ,' il y a là des figures douteuses qui m'ont tout l'air de méditer une mauvaise ac- tion. Les deux hommes s'éloignèrent un peu , et Renouard com- mença ainsi : Vous saurez donc, Nicolas, que notre bien-aimé monar- que passa par Lyon, il y a trois mois, pour se rendre dans la Provence, que son ennemi Charles-Quint menaçait d'enva- hir. Il s'arrêta seulement quelques jours dans notre grande cïté etxjaissa le dauphin, que les jeunes seigneurs étaient ja- loux de "retenir dans l'espoir de lui donner quelques fêtes