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m chair, qu'en autre moien qu'il ait invente. De cesle tendue se lit un portrait en Apulée , duquel l'Asne parle ainsi : Moi estant à la porte du théâtre, m'arrestey là vn petit de temps, prenant plaisir à la ioyeuse verdure , qui commençoit à sor- tir de ce lieu, et depuis ieltant les yeulx par la porte ou- verte, ie commençay à descouurir choses fort triomphantes. Car ie veyz plusieurs beaulx ieunes hommes, accompagnez de demoiselles d'aage florissant, et d'excellente grâce et nom- pareille beaulté, tous poliz en habillemens , lesquels es- taient fort propres à se mouvoir ligierement. Iceuxdansoient ensemble à la mode de la grecque Pyrrhique, estant dispo- sez en ordre reparti et mesuré. Tantost se tournoient et vol- tigeoient en rond, tantost traversoient, s'entrelassans l'un l'autre, s'entresuivans à grande presse : tantost se reduisoient en cantons, par carreure, et puis couroient encore se par- tissans en deux trouppes , et ainsi voltigeoint se contournans l'un dedans l'autre , selon la cadence de l'instrument : et finalement se venoient rendre en l'ordre qu'ilz estoient au commencement. Ce sont les motz de l'Asne. Sur quoy est bon à ceulx qui dansent ces Hayes, de se souvenir de celui qui dit : Les cordeaux des pécheurs m'ont entrelassé. » Le chapitre qui vient ensuite et qui a pour titre : D'une autre danse nommée le iugement de Paris, descripte par le mesme Apulée, est malheureusement trop long pour être trans- crit dans cet article. Nous nous contenterons de l'indiquer à la curiosisté des lecteurs qui voudraient comparer le récit d'Apulée (1), contenant le programme de la pantomime du jugement de Paris, telle quelle se jouait autrefois sur le théâtre de Corinlhe, avec le ballet du môme nom que l'on donne aujourd'hui sur notre scène. Ils pourront recourir avec autant de confiance à la version de Paradin qu'à l'original latin. Du reste, cette comparaison de deux représentations du même sujet sur le théâtre ancien et le théâtre moderne (1) Apuleii Metamorphos., lib. X.