Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                     31
maladies graves qui l'eussent prochainement conduit au tré-
pas s'il y fut demeuré plus long temps.
   Ce danger ne pouvait échapper à la tendre sollicitude de son
frère, M. Montain j e u n e , qui d'ailleurs, en sa qualité d'homme
de l'art, avait toutes les connaissances nécessaires pour appré-
cier les causes du m a l , sa gravité et les suites funestes qu'il
faisait pressentir.
   Le pourvoi en cassation avait été rejeté; le recours en
commutation de peine n'avait pas été plus heureux; le
prisonnier allait être transféré au château d'If, à Marseille.
Mais ce nouveau séjour, loin de préparer quelqu'amélioralion
dans son sort, lui présageait au contraire une mort d'au-
tant plus certaine que l'insalubrité du climat devait encore
l'accélérer.
   Dans cet état, M. Montain jeune obtint comme une faveur
 (c'en était une en effet), que son frère pourrait se faire trans-
férer, à ses frais, à la prison de Sainte-Pélagie à Paris.
   M. Montain jeune était uni à son frère par les lieus de la plus
étroite amitié; les sentiments de la nature ne trouvaient en-
core fortifiés par ceux de la reconnaissance; il lui devait l'état
honorable dont il était en possession; ce frère avait été pour
lui un second père.
   Que de motifs pour désirer de lui rendre la liberté!
   M. Montain jeune forma ce généreux dessein.
   Il obtint la permission d'accompagner son frère dans le
voyage de Lyon à Paris, et partit avec lui le 10 janvier 1817.
   La surveillance des gendarmes était extrême : à chaque
changement de brigade, ils prenaient exactement le signa-
lement du prisonnier, mais toute la vigilance de ces argus
ne put empêcher que, sur la grande route, en plein m i d i ,
M. Montain jeune ne prît les béquilles et le costume fourré de
son frère (1), et ne réalisât l'heureux projet de donner le
change à son escorte.


 (2) M, Monlain aîné avait coniraclé en prison des douleurs rhumastismalesqui