Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
378                     EN OISANS

    « — Il rumine du nouveau... disons nous.
    « — Eh ! parbleu oui, s'écrie-t-il, nous avons franc
l'air de gens qui vont à la mort. Çà, est-ce qu'il n'y a plus
rien dans les jarrets ?
    « — Les jarrets sont en fer, vous savez bien, père
Gaspard.
    « — Alors j'ai un plan: le Pic de Neige Cordier n'a
jamais été franchi en col, nous allons essayer. Voilà le beau
temps.
    « — En avant ! »
    Et inclinant à droite après avoir dépassé la direction du
glacier Blanc, nous attaquons de suite une sorte d'enfon-
cement entre deux arêtes rocheuses, deux promontoires
qui s'avancent sur le glacier.
    Nous gravissons le promontoire de droite ; arrivant en
 une heure au sommet sans trop de difficultés, nous nous
apercevons que nous sommes sur un ptiit pic complètement
isolé, alors que nous pensions être sur un contrefort du
Pic de Neige Cordier. La cime de ce dernier apparaît en
face à 125 mètres plus haut; une échancrure ou brèche
profonde d'une centaine de mètres nous en sépare, reliant
le glacier Blanc au glacier d'Arsines.
  Le sommet que nous foulons est, selon nous, • à
3,450 mètres d'altitude (nous nous trompions de 40 mètres
en moins). Gaspard croit qu'il n'a jamais été escaladé, du
reste, il n'y a pas trace de « cairn », et n'ayant pas ren-
contré de grandes défenses dans l'escalade, nous en concluons
que ce pic peu intéressant a bien pu passer inaperçu. Je
consulte en vain mes cartes, aucune ne donne de nom à
notre montagne et encore moins d'altitude. Les seules où il
soit indiqué, celles du Guide du Haut-Dauphiné ne devaient
paraître que quinze jours plus tard.