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                         EN OISANS                        379

     Nous nous consolons d'être encore loin de notre but par
 l'idée d'avoir gravi une cime vierge, et nous en sommes
 tous joyeux. Hélas nous n'étions que les seconds !
 M. Duhamel m'apprit à mon retour que nous avions fait la
 deuxième ascension du Pic du Glacier Blanc (3,490 mètres),
 omis sur la première édition du Guide du Haut-Dauphiné.
    La première ascension en avait été faite le 23 août 1886,
 par M. J. Maître, lequel étant monté comme nous par le
 versant sud, redescendit par le versant nord sur la brèche
 qui nous séparait du Pic Cordier.
     « — Allons, en route, au Pic Cordier ! dit Gaspard, il
n'a pas l'air facile, mais vous ne reculez pas ?
     « — Jamais, répondons-nous en chœur. »
    Il jette un coup d'œil à la corde et à son piolet, et nous
descendons à l'ouest, droit sur le Pic de Neige Cordier, qui
nous présente de face une formidable arête.
    Les premiers rochers « vont bien », mais la route est
soudain coupée par un à-pic de 40 à 50 mètres qui tombe
directement sur l'échancrure.
    Gaspard tourne à gauche, et nous nous trouvons au
haut d'une descente de neige, une manière de couloir
élargi vers le bas et qui aboutit sur le Glacier Blanc, à peu
près à la hauteur de ladite échancrure, un peu au-dessus de
la bergschrund.
    L'inclinaison doit être au moins de 60 degrés, je n'ai pas
rencontré de pente de neige aussi effrayante ; j'hésite
quelque peu ; j'ai peur que toute la pente se mette à glisser,
pour peu qu'il y ait de la glace dessous.
    — « Ohé ! Gaspard, vous voulez passer là ?
    — « Eh ! Monsieur ! à moins de refaire le chemin...
    — Non, ce serait trop long. Allons-y par là ; seulement
c'est bien un peu dangereux.