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LOUIS XIII ET RICHELIEU 283 duc de Savoie avait espéré que les Français marcheraient contre Turin et s'épuiseraient en en faisant le siège ; mais Richelieu, au lieu de s'avancer à l'est, faisant un brusque mouvement vers le sud, s'emparait dePignerol le 22 mars. Ainsi adossés à leur frontière, les Français n'avaient rien à craindre et pouvaient attendre. Richelieu se rendit au devant du roi; il le rencontra à Grenoble le 10 mai. Le prince Thomas se trouvait alors en Savoie, d'où il menaçait d'en- vahir la France (12) ; en moins d'un mois il fut repoussé, la Savoie fut conquise, et Louis XIII, continuant sa route pour entrer en Italie par le mont Cenis, arriva le 4 juillet à Saint-Jean-de-Maurienne. On a peine à se figurer l'activité alors déployée par Richelieu. Il ne dirigeait pas seulement les négociations, il s'occupait encore de l'armée et entrait dans tous les détails, faisait réunir ici du blé, là du sel, ne négligeant rien, n'ou- bliant rien (13). Mais toute cette administration lui donnait moins de soucis que l'opposition de la Cour; il pouvait, en effet, commander aux diplomates, aux généraux, tandis que, après avoir convaincu le roi, il lui fallait encore convaincre les deux reines et leur entourage, ce à quoi il ne réussissait guère. Richelieu avait compté sur la présence du jeune roi pour encourager l'armée et mener ainsi la guerre d'Italie à une issue plus rapide et plus glorieuse. Louis XIII, naturellement brave et aimant la guerre, avait été facilement décidé. Il n'en avait pas été de même de la reine-mère, et si elle (12) MÉMOIRES DE BRIENNE, Collection Petitot. XXXVI, 7. (13) AVENEL, Lettres, etc. III. 743, 744, 747, 874, 876,