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                     LOUIS XIII ET RICHELIEU             279

   Et après ces quelques mots de préparation, pensant que
Louis XIII ressemble plutôt à Auguste qu'à Tibère, il passe
à l'examen de ses défauts : « Le roy est bon, vertueux,
secret, courageux et amateur de gloire, mais on peult dire
avec vérité qu'il est extrêmement prompt, soubçonneux,
jaloux, quelquefois susceptible de diverses aversions passa-
gères et des premières impressions au préjudice du tiers et
du quart ; enfin subjet à quelque variété d'humeurs, et
diverses inclinations. » Et mêlant habilement l'éloge à la
réprimande afin de la faire mieux accueillir, il ajoute : « Il
luy sera plus aisé de s'en corriger qu'il ne me serait facile
de les rapporter, estant si accoustumé à publier ses vertus
à tout le monde, qu'à peine pourrois-je remarquer ses
deffauts, bien que ce ne soit qu'à luy-mesme » (3).
   Il invoque en même temps des maximes comme celle-ci
dans laquelle il donne une légère entorse à l'entomologie.
« Rien n'est plus séant à un prince que de parler avec
retenue, et imiter le roy des abeilles qui ne porte point
d'aiguillon pour ne piquer personne (4). »
   Et il recommence l'examen de conscience : « Beaucoup
pensent, et non sans subjet, que Sa Majesté de son nature
ne s'applique pas volontiers aux affaires, et qu'elle se
dégouste aisément de celles qui sont de longue haleine,
quoy qu'elles soient de très grand fruit (5)
     . . . Il y a plus, le roy donne si peu d'attention à
ses affaires et improuve si facilement les expédiens qu'on
luy propose pour faire réussir celles qu'il entreprend, qu'il



  (3) là. 183.
  (4) là. 185-186.
   [S)U. 191.