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                   LOUIS XIII ET RICHELIEU                  285

mettre à couvert sa responsabilité, en obtenant du premier
médecin Bouvart l'assurance que le roi ne courait aucun
danger à Saint-Jean-de-Maurienne ; mais Bouvart, qui dési-
rait ne pas engager non plus sa responsabilité et ménager à
la fois le cardinal, qui voulait garder le roi, et le garde des
sceaux, qui demandait son retour, lui fit, le 11 juillet, une
réponse qui donnait raison à l'un sans donner tort à
l'autre (17).
   Le cardinal essaya néanmoins de résister encore et, le
14 juillet, écrivant à la reine, il entre dans des détails qui
ne sont pas plus indignes de l'histoire qu'ils ne l'étaient du
ministre lui-même, et qui nous montrent jusqu'où il devait
porter son attention : « Madame, la meilleure nouvelle que
je puisse mander à Vostre Majesté est le soing qu'il a pieu
au roy maintenant prendre de sa santé. Depuis huit jours
il s'est baigné, et a pris trois lavemens, à quoy il ne se rend
pas difficile. Mais il n'y avoit pas eu moyen de le résoudre
à prendre une médecine jusqu'à hier que, lui représentant
la peine en laquelle vous seriez, il s'y résolut pour vostre
seul respect. Ce qui a apporté grand contentement aux
vrais serviteurs de Vos Majestez, tant pour l'utilité qu'il en
recevra que pour le tesmoignage nouveau qu'il a rendu, en
cette occasion, qui' luy est très pénible, du pouvoir que
vostre seul nom a sur luy. Il est grâces à Dieu fort joyeux
de ce qui s'est passé. Rien ne manque à son contentement
que d'estre près de vous, je le souhaite avec passion (18). »
    Le 19 juillet, nouvelle lettre sur la santé du roi, avec des
détails encore plus intimes : « Madame je dépesche ce
courrier à Vostre Majesté pour luy dire que le roy a eu hier

  (17) AVENEL. là. 746, note.
  (18) AVENEt. H. 763-764.