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284                LOUIS XIII ET RICHELIEU

avait été convaincue tout d'abord de la nécessité du départ
de son fils, il semble qu'elle cessa bientôt de l'être. La faible
santé du roi lui donnait, d'ailleurs, de légitimes inquiétudes,
et son entourage, composé en grande partie d'ennemis du
cardinal opposés à la guerre, insistait sur les périls que
courait le souverain dans cette campagne d'Italie. Dès le
4 juillet, le garde des sceaux Marillac écrivait au premier
médecin Bouvart : « Je vous prie de faire tout ce que vous
pourrez pour destourner Sa Majesté de demeurer davantage
en ce lieu-là (14). » Le 6 juillet il écrivait à Richelieu que
c'était presque un régicide que de forcer le roi à rester dans
ces lieux empestés ; et, recourant à tous les moyens,
Marillac feignait même de--trembler pour les jours du car-
dinal (15).
   Richelieu n'était pas homme à se laisser arrêter par des
considérations de sécurité personnelle ; mais il fallait tran-
quilliser la reine-mère et lui enlever ainsi toute raison de
rappeler le roi. Le 8 juillet, il lui écrivait de Saint-Jean-de-
Maurienne : « Madame je despesche à Vostre Majesté pour
luy dire que le roy se porte, grâces à Dieu, fort bien. Nous
avons gaigné sur luy en vostre nom, de le faire seigner pour
 un mal de dents qu'il a eu. Il prit hier un remède, ce soir
il nous a promis de prendre de la casse. Il est fort bien
logé à l'évesché, qui est extresmement bien basty. Il a toute
la passion que Vostre Majesté peut désirer pour elle, et la
 tesmoigne en toutes occasions (16). »
    Tout en s'efforçant de rassurer la reine, Richelieu voulut



  (14) AVENEL. Id. 746, note.
  (15) AVENEL. Id. 745, note.
  (r6) AVENEL. Id. 745-746.