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?44                  BÉRENGER DE LA TOUR

         Laisser les murs de la vill' ayant doute,
         Que par son nez il ne l'occupast toute,
         Mais l'envoya aux neiges de Scytie,
         Pour en sécher de froid une partie,
         Et le sécher si bien qu'à son retour
         A l'Empereur ne fist ce mauvais tour.


  Voici maintenant l'influence du nez sur les passions :

        Au nez aussi, et non ailleurs ha place
        L'honneur de l'homme, et sans luy n'ha point grâce,
        Tirer le nez à quelqu'un c'est outrage,
        Donner au nez ces esmouvoir la rage,
        Le d'esçhirer, l'escacher, eu le tordre,
        Par ce moyen on vient à l'honneur mordre.
        Et au contraire un ardeur on présume
        Lorsque d'un homme on dit le nez lui fume,
        Il ha la mouche au nez, c'est lors à dire
        Qu'il est esmeu de grand colère et ire.

        Qui ha le nez contrefaict et bossé,
        Trop, ou trop peu, ou pointu, ou moussé,
        Et comme un as de tréfiles se renfroigne,
        Des lieux publics meu de honte s'esloigne,
        Pour éviter les pernicieux blasmes
        Qu'on luy impose                        .



                                 *
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  Comme poète, Bérenger de la Tour a beaucoup de
points de ressemblance avec Jean Passerat, son contem-
porain. Voici deuxépigrammes de ce dernier, qui rappellent
absolument celles de Bérenger à Suzanne de Lestrànge :