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BÈRENGER DE LA TOUR 243
« Après vostre navigation des Isles neufves, entre les
« tourbes du peuple, vous oyant réciter les merveilles des
« Barbares, je fus plus que tous importun après vous, pour
« me les déclarer au long : en quoy je receu un plaisir
« incroyable ; mais sur tout oyant le discours du Roy de
« Nasée, le nez duquel asseuriez avoir deux tiers de long,
« avec grosseur proportionnée : et les Naséens l'avoyent
« de pareille grandeur. »
Voici la fin de cette dédicace :
« Or d'autant que prétendez y retourner, et pour ce
« attendez la Caravelle d'Espaigne, que fasse voille au Péru,
« ainsi qu'estes adverty, de Lisbonne, du vingtcinquième
« Décembre passé : « J'ay escrit une lettre au Roy de
« Nasée de laquelle me fut dérobbée la moitié, et imprimée
« sans mon sceu : toutesfois despuis en ça l'ay remise en
« son entier, laquelle vous envoyé pour la luy donner en
« main ! priant Dieu vous donner la grâce de bien et heu-
« reusement faire vostre voyage et puissiez vous et vostre
« nez retourner en France sain et en bon poinct. De
« Musceole, ce dernier jour de décembre mil Ve LVII. »
Dans cette œuvre singulière, où les vers coulent natu-
rellement, Bérenger nous révèle la cause de l'exil d'Ovide,
savez-vous quelle est cette cause ? La grandeur du nez du
poète romain, grandeur merveilleuse qui fit trembler
Auguste.
A propoz donq des grands nez je m'appreste
A vous narrer un secret difficil,
Pourquoy mandé fut Ovid' en exil,
C'est pour autant que son grand nez faisoit
Trembler Auguste, et pour cela n'osoit